Ce matin avec Adèle, nous nous réveillons assez tôt pour travailler avant de sortir faire un petit tour dans la ville. Lviv est la première ville touristique en Ukraine et nous comprenons pourquoi ! Avec ses petites rues pavées, des dizaines de petits cafés, des immeubles colorés et des petites boutiques toutes mignonnes, on a vraiment envie de se balader sans regarder l’heure ! Pour nous, c’est balade semi express parce que nous devons retrouver tout le monde dont Taras et sa femme devant une église à 12h ! Ils nous invitent à manger dans un délicieux restaurant Italien tenu par un ami à eux. Un vrai régal !!
Floraine
Après le déjeuner, on monte tous les cinq dans la voiture de Taras en direction de l’Université Catholique. Apparemment, c’est la seule université chrétienne qui existe aujourd’hui entre la Pologne et le Japon ! C’est un immense campus, très moderne et très vert, avec une toute nouvelle église orthodoxe en plein centre. Taras nous raconte que c’est le lieu qui avait été choisi pour installer les quartiers du parti communiste juste avant la chute du régime : en effet, on voit un bâtiment rond abandonné sur le côté, qui n’a jamais servi et qui contraste beaucoup avec le reste de l’architecture.
On monte dans les étages pour être au calme pour notre entretien. La routine reprend : Vincent monte le matériel, Floraine et Abderrahim se préparent à prendre des notes et je m’installe face à Taras pour lui poser les questions : on commence à être rodés ! Il enseigne le dialogue interreligieux à l’Université et nous raconte comment il a créé le centre Libertas. Au départ, il avait vraiment une visée académique d’échanges théologiques sur les différentes religions, mais depuis, la guerre a éclatée en Ukraine. Alors Libertas s’est adapté et a développé tout un volet social : il a monté des actions en faveur des nombreux réfugiés internes, des veuves et orphelins de guerre, et travaille sur la déconstruction des préjugés dans les médias.
Par contre, Taras le regrette, mais le dialogue ne parait pas possible pour l’instant avec l’Eglise orthodoxe de Moscou (la guerre, qui a toujours lieu en ce moment à l’est du pays, oppose l’Ukraine à la Russie). D’après lui, la propagande rend le dialogue impossible car sans accès à la même information, on ne peut pas s’accorder sur les mêmes faits comme base de la discussion. Il nous a tout de même parlé d’un étudiant de cette communauté qui avait participé aux actions de Libertas, mais qui était un cas très particulier. J’ai eu un petit moment de déception en entendant ça, je me suis demandé comment la construction de la paix pouvait se faire sans que tous les acteurs du conflit y participent. Et en même temps je me suis souvenu des mots forts de Baki, qu’on avait rencontré au Kosovo : “Vous n’avez aucune idée de ce que c’est que de vivre une guerre”. Il a raison, on ne sait pas. Et manifestement on continue d’avoir parfois des réflexes naïfs, d’espérer trouver des histoires hautement symboliques et positives dans des contextes où elles ne peuvent pas exister. Quand je dis qu’elles ne peuvent pas exister, je parle de l’échelle politique, ou de celle des responsables religieux, parce que bien sûr au niveau des individus c’est tres different comme on l’a compris depuis la Bosnie, et c’est là peut être que tout se joue.
Taras nous raccompagne dans le centre, et on se dit au revoir. Pas pour toujours espérons, puisque définitivement on compte revenir à Lviv un jour tellement on a aimé la ville. On en profite tous les quatre pour la fin de journée en se baladant un peu, en écoutant des musiciens de rue, et en dégustant un bon restaurant pour fêter l’anniversaire de notre premier mois de voyage ! Un mois très riche, qui est vraiment passé vite. Ensuite on rentre tôt parce qu’on sait que demain, c’est réveil à 5h pour prendre le train pour Kiev, en route vers de nouvelles aventures !
Adèle