JournalSaison 4

Écologie et vivre ensemble

Le réveil fait mal. Il est 3h du matin et on doit faire nos sacs pour partir à l’aéroport. C’est la fin du séjour géorgien et nous repartons encore une fois complètement chamboulés par des rencontres et des discussions passionnantes. La rencontre de Rusudan d’hier est encore très présente dans mes pensées ce matin. Mais pas le temps de réfléchir trop longtemps, nous allons à l’aéroport car nous avons un avion à 5h du matin. Pile à temps pour rentrer dans l’avion, je réalise que cette journée ne va pas être facile : un premier avion nous amène de Tbilissi à Dubaï et un deuxième nous amènera à Beyrouth quelques heures plus tard. Il faut dire que deux avions dans la même journée, pour en plus faire un détour aérien c’est pas facile à digérer…

J’ai l’impression que depuis qu’on est partis, la culpabilité de prendre autant d’avions me hante quotidiennement. En France et partout dans le monde, des milliers de voix s’élèvent pour demander un changement de système et une réelle prise de conscience des enjeux environnementaux. Le fait de ne pas participer à cette démarche autant que je voudrais et d’utiliser en même temps le moyen de transport qui pollue le plus plusieurs fois par mois n’est pas toujours facile. Et en même temps, chaque jour que je passe à rencontrer des personnes qui nous parlent de leurs actions, je réalise que les enjeux environnementaux ne seront jamais pleinement compris s’ils n’intègrent pas aussi une prise de conscience de notre devoir d’apprendre à mieux vivre ensemble. Mieux préserver notre planète, ça veut dire mieux partager nos ressources, et pour ça il faut comprendre les besoins de personnes qui parfois habitent à des milliers de kilomètres de nous. Pour les comprendre, il faut accepter de déconstuire les idées toutes faites que nous avons et pour ça, il faut échanger, communiquer, se renseigner et c’est ce que nous essayons de faire pendant ces huit mois. Peut-être que ce paragraphe prend la forme d’un plaidoyer de justification mais j’ai l’impression que l’exprimer et l’écrire me permet de faire comprendre à quel point, pour moi, ces deux enjeux vitaux ne peuvent pas être séparés l’un de l’autre. Perchés au dessus des nuages, je réalise encore une fois que je suis fière d’appartenir à cette jeunesse qui milite pour construire une société plus juste, inclusive et respectueuse de son environnement.

Pour être totalement honnête, mes rêves de militantes ont pris un petit coup dans l’aile en atterrissant à Dubaï. Face à cette énorme machine qui sort du désert, je suis partagée entre fascination et incompréhension. Je n’avais jamais réalisé à quel point c’était au milieu de nulle part ! Du ciel, j’arrive à distinguer des piscines, des énormes immeubles, et surtout une couche de pollution mélangée à du sable, c’est assez particulier. Dans l’attente du prochain avion, nous discutons à quatre de cette situation et nous réalisons qu’en parler nous libère d’un sacré poids que nous avons parfois du mal à assumer. Dans le deuxième avion direction Beyrouth, nous prenons conscience que nous allons démarrer la traversée des pays du Moyen-Orient. Adèle se perd dans les paysages, elle est fascinée par le désert, je crois que c’est la première fois qu’elle apprécie un trajet en avion !! Arrivés à Beyrouth, nous rejoignons le centre-ville un peu bousculés par le changement de décor mais très excités à l’idée de découvrir ce nouvel environnement ! Le monsieur qui nous ramène en centre-ville essaye de nous décrire le chaos organisé qui règne dans la capitale libanaise avec beaucoup d’humour. C’est vrai qu’il va falloir s’habituer à tous ces klaxons et à cette fourmilière de voitures. Épuisés par cette journée de voyage, nous sommes accueillis comme des rois et reines chez Moustafa avec un bon buffet de nourriture libanaise. Le ventre bien rempli, nous discutons autour d’un thé du Liban, j’explique notamment à Moustafa que je suis juive. Il est étonné, c’est la première fois qu’il rencontre quelqu’un de cette religion et il réalise qu’il avait pas mal d’idées reçues. Il a l’air bien content de les déconstruire. Sur ce, on va dormir !

De haut en bas, des haricots plats en sauce avec de la viande, un légume délicieux mais inconnu avec de la tomate, un fattouch (salade libanaise), du Riz libanais et enfin des blettes avec des oignons frits !

Vous pouvez voir dans mes yeux que je m’apprête à passer un très bon moment…!

Bonne nuit

Floraine

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Rusudan