Aujourd’hui, on va en Palestine !
Cette exclamation peut vous faire sourire, mais depuis le début de notre séjour en Terre Sainte, à cause des fêtes juives et les problème de logement, on a difficilement eu l’occasion de traverser le « mur » qui sépare Israël de la Palestine.
On se lève assez tôt pour prendre un premier bus de chez Franck à la gare centrale de Jérusalem, puis un second de la gare centrale à la gare de la Porte de Damas (qui dessert les villes de Palestine), et enfin un dernier direction Ramallah.
En arrivant, on trouve un café pour avoir de la wifi (le réseau 4G israélien ne fonctionne pas bien ici et les compagnies palestiniennes n’ont accès à la 3G que depuis 2018 !!) afin d’appeler nos rendez-vous potentiels de la journée. On en profite pour filmer quelques images de la ville depuis la terrasse du café, au sommet d’un des plus grands immeubles de Ramallah.
En descendant, on croise une échoppe de bijoux qui attire irrémédiablement l’œil. Malheureusement elle n’est pas ouverte… Le temps de le constater, Abderrahim reconnaît une fille qui attend elle-aussi l’ouverture :
« – Salut, excuse-moi c’est bizarre mais je crois que je te connais. Tu t’appelles Ba… ?
– (surprise) Bara’a.
– Oui, je t’ai vu dans une vidéo je crois, sur Facebook. Si c’est une vidéo avec des israéliens qui rencontrent des palestiniens pour la première fois et vice-versa. Comment ça s’appelait… In the eyes ?
– Oui Eye to Eye. Mais c’est incroyable que tu t’en souviennes. »
Abderrahim est comme ça. Quand moi j’oublie le prénom d’une personne 10min après l’avoir rencontrée, lui se rappelle de quelqu’un, de son visage, de son nom, de ses activités plusieurs années après. Et dans le cadre du tour du monde, c’est un sacré atout !
Cette rencontre – appelez-là destin, providence ou hasard – bouscule un peu notre journée. Toujours en attente de réponses pour d’autres interviews, on décide de suivre Bara’a avec l’idée de lui proposer une interview. Mais au final, c’est plutôt elle qui nous suit chez Dar Zahran, un modeste centre culturel qui expose le patrimoine palestinien. Malheureusement, Bara’a doit nous quitter pour une urgence en pleine visite. On est super triste que cette interview tombe à l’eau… Mais on reste en contact avec elle !
Pour se consoler, on trouve un petit restaurant typique sans prétention mais réputé. Pour le prix d’un sandwich à Tel Aviv, on s’offre une généreuse assiette de kefta servie avec du riz, des pommes de terre fondantes, et une savoureuse sauce au citron. Oh, et une soupe gratuite en entrée. C’est vraiment un des meilleurs repas depuis le début du tour du monde !
On profite du wifi du restaurant pour programmer l’après-midi. Abderrahim réussit enfin à caler un rendez-vous à 16h. Ça nous laisse une heure d’attente, et bien sûr ce matin on est partis sans nos ordis car on ne pensait pas avoir de temps-mort. Abderrahim en profite donc pour aller prier à la mosquée, tandis que les filles et moi entrons dans un magasin d’antiquités. Et là, c’est le drame !
On ne sait pas trop comment c’est possible mais on est resté 3h avec le vendeur. Il nous a baladé d’un magasin à un autre pour nous montrer des habits traditionnels palestiniens, des bijoux anciens, et mille autres merveilles. Et nous on s’est laissé porter, en attendant des nouvelles de notre rendez-vous. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que notre bus de retour allait partir et qu’il n’était toujours pas arrivé. Deuxième échec de cette journée dont on est rentrés semi-bredouilles : sans interview, mais heureux d’avoir mieux découvert la culture palestinienne.
Dernière étape de la journée, et pas des moindres : le checkpoint de Qalandiya pour rentrer à Jérusalem. Pour rentrer en Palestine, les bus ne sont pas systématiquement contrôlés, et on se surprend même à avoir passé la « frontière ». Mais au retour, pour rentrer en Israël, ce n’est pas la même histoire. Ce soir, nous avons de la chance, il nous suffit de présenter notre passeport à l’intérieur du bus. Mais bien souvent, il faut descendre du bus et attendre des dizaines de minutes dans un corridor d’un mètre de large et de deux mètres de haut qu’un soldat israéliens checke vos papiers et nous autorise – ou non – à rentrer. Vivre ce rituel jours après jours, quand on est palestinien et qu’on travaille à Jérusalem, cela doit être usant.
Vincent