Le territoire des Balkans, à l’identité ethnique et religieuse morcelée, a connu au cours de son histoire récente de nombreuses restrictions à l’expression religieuse. Pendant les dernières décennies du XXème siècle, ce territoire a connu des conflits inter et intra-étatiques qui trouvent leur origine dans une histoire faite de mouvements de populations et d’implantations religieuses éclatées sur l’ensemble du territoire.
La Yougoslavie a été créée en 1918 dans le but de réunir les slaves du sud. Dès son origine, le pays se caractérise par une incroyable diversité ethnique et religieuse. L’orthodoxie et le catholicisme y sont présents depuis de Vème siècle. Introduit au XIVème siècle avec la conquête ottomane, l’islam se répartit inégalement sur le territoire. Après 1945 et pendant la dictature communiste, le maréchal Tito a maintenu l’unité étatique en pariant sur la cohésion. Il a ressoudé les peuples en démontrant que la thèse des « haines ancestrales » était absurde. Il disait « La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti. ». Cependant à partir des années 1980, l’identité artificielle du pays se fissure. En 1987, Slobodan Milosevic réveille le nationalisme serbe orthodoxe jouant sur la peur de l’islam et décide de créer une grande Serbie, territoire rassemblant les serbes essaimés en Yougoslavie. En 1991, après l’indépendance de la Slovénie et la Croatie, la Yougoslavie éclate. C’est le début des guerres de purifications ethno-religieuses. Entre 1991 et 1999, 3 millions de personnes ont été déplacées, 250 000 tuées et 70 000 torturées.
Le 11 juillet 1995, 8000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie-Herzégovine ont été tués par des unités de l’armée de la République serbe de Bosnie dans l’enclave de Srebrenica. Cette tuerie a précipité la fin de la guerre avec la signature des accords de Dayton, qui ont créé les frontières de la Fédération de Bosnie-Herzégovine que nous connaissons aujourd’hui. Vingt ans après, les enjeux mémoriels autour de cette extermination, devenue symbole des atrocités commises pendant le conflit, sont toujours persistants.
Depuis la fin de la guerre, l’ex-Yougoslavie se divise en 7 Etats : la Croatie, le Kosovo, la Serbie, la Slovénie, la Macédoine, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. Aujourd’hui, en Bosnie-Herzégovine la Constitution protège la liberté religieuse. L’islam est majoritaire dans ce pays, elle représente 40% de la population. Le terme « musulman de Bosnie-Herzégovine », nationalité créée en 1968 par le maréchal Tito, pour désigner les slaves islamisés a été remplacé par celui de « Bosniaque ». Dans le pays, aucune fête religieuse n’est reconnue en tant que jour férié, mais les célébrations se déroulent sur le plan local en fonction de la religion majoritaire du canton.
Dans ce contexte encore fragile, les différentes communautés réapprennent à vivre ensemble et tentent de construire des liens entre elles. Des initiatives sont créées afin de promouvoir une nouvelle cohésion sociale. Nous avons par exemple croisé Ljiljana de « Youth for Peace », membre des cercles de coopération de « United Religions Initiative », qui rassemble les jeunes de différentes convictions et promeut la place primordiale que la jeunesse a à jouer dans le processus de reconstruction.