Innocent Consolateur est rwandais et prêtre catholique depuis 27 ans. Il est curé de la cathédrale et vicaire épiscopal d’une partie de la ville de Kigali. Il commence l’entretien par nous dire que sa première langue est le kinyarwanda. Le français n’est pas sa langue et c’est important pour lui car cela fait écho aux liens conflictuels entre le Rwanda et la France au vu de la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi.
Innocent a aussi été membre pendant 13 ans de la commission nationale de l’unité et de la réconciliation nationale. Pendant 13 ans, les membres ont pensé à toutes les actions qu’il fallait mettre en place pour construire le Rwanda après le génocide des Tutsi qui a tout détruit. Ces membres ont réfléchi à une manière de rendre justice, de construire une unité nationale et de faire du Rwanda un pays en paix.
Pour réaliser ces missions, la commission a organisé des ateliers de sensibilisations, pour le grand public et pour les professeurs, à la culture de paix, a créé un discours national sur l’identité unique rwandaise : « Je suis rwandais avant toute chose ». La commission était aussi chargée du rapatriement de la diaspora rwandaise et organisait même des chantiers pendant les vacances lors desquels les membres de la diaspora apprenaient l’histoire du Rwanda, ses valeurs etc.
On a sillonné toutes les écoles et formé les enseignants au pardon. Le pardon, ce n’était pas facile. Mais le pardon, c’est quoi ? Ce n’est pas oublier les paroles. Le pardon ce n’est pas dire « Voilà, tu n’es plus coupable » car les faits sont là, ils sont têtus. Mais le pardon, c’est se libérer soi-même, libérer l’autre et donner une brèche ou une porte de sortie ou une issue pour construire l’avenir. C’est refuser de rester prisonnier. Il fallait que les gens comprennent : l’autre, si ce n’est pas l’enfer, c’est un ami, un frère et une sœur à aimer aujourd’hui et qui peut avoir besoin de moi demain et de qui je peux avoir besoin