Aujourd’hui, on se lève tôt car nous devons accompagner nos hôtes à la messe. On se divise car il y a deux lieux qui nous intéressent : les garçons accompagnent Judith et John dans leur paroisse pour une matinée de prises de paroles sur le thème de l’engagement. Floraine et moi allons à la cathédrale anglicane avec George : c’est Sarah, une jeune femme qui a été ordonnée prêtre la veille, qui officie pour la première fois. Notre venue est un peu intéressée : nous voulons la voir pour lui demander de nous accorder une interview, parce que nous savons qu’elle est très impliquée dans les actions interreligieuses de la ville.
Floraine ne se sent pas très bien, et profite du temps de la messe pour aller se reposer dans l’entrée. Je reste donc seule avec George, qui me commente ce qu’il s’y passe. Au moment de communier, il me propose de me lever pour prendre l’eucharistie mais je lui réponds que je ne suis pas très à l’aise avec ça. Je sais que normalement il n’y a que les personnes baptisées qui sont supposées le prendre et je ne veux vexer personne. À ma grande surprise, George décide de rester assis avec moi “aucun problème, on va faire notre propre communion tous les deux !” me dit-il. Même quand une femme vient lui demander s’il veut qu’on lui amène l’eucharistie à sa place il répond “non merci Madame, nous avons notre propre communion ici”. Je suis très touchée par son geste. Nous prenons le temps de parler de ce que signifie la communion pour lui, et je lui explique que j’ai la même conception de la fraternité : pour moi aussi nous sommes tous frères, et je le conçois de manière très organique, notre corps appartient au même monde et toute la matière est liée. Nous avons donc la même croyance, simplement je ne l’explique pas par Dieu. Ces quelques minutes avec George ont été l’une des expériences interreligieuses les plus fortes que j’ai vécues depuis le départ.
Nous profitons d’un bon déjeuner tous ensemble préparé par Jocelyn, puis Floraine et moi nous mettons en route. Nous avons pris notre après-midi pour aller rendre visite à Mina, une amie de Flo qui habite depuis quelques mois à Waiheke, une île au large d’Auckland. Nous prenons le ferry pour nous y rendre : la vue est magnifique, nous apercevons plein d’îles, et nous sommes seules sur pont supérieur. La traversée passe trop vite ! À peine arrivées nous retrouvons Mina, qui nous emmène à la plage avec son chien. Elle nous parle de sa vie là-bas : comme beaucoup de jeunes, elle a fait le choix de venir travailler comme serveuse en Nouvelle-Zélande avec un visa de 6 mois. Une expérience choisie par pas mal de personnes que nous avons rencontrées, qui a l’air vraiment très chouette. Mina vit sur une île paradisiaque, dans une coloc un peu hippie avec une dizaine d’Argentins. Nous faisons leur connaissance en rentrant à la maison, et ils nous emmènent danser à un concert dans un bar latino sur l’île. Une parenthèse qui fait du bien !
Adèle