Ce matin, on se lève avec plein de projets en tête : on doit tourner une vidéo et rédiger plusieurs articles avant nos rendez-vous de l’après-midi. Mais en fait, on s’embarque dans une discussion qu’on repousse depuis des jours sur le format de nos productions. On fait déjà beaucoup mais on veut faire plus, ou alors autrement. On a l’impression qu’il y a des choses qu’on a envie de dire et qu’on n’a pas encore trouvé le format idéal pour les partager, alors comme à notre habitude, à 4, on remet tout en question, on doute. C’est difficile comme démarche, douloureux même parfois… Peut-être qu’on a raison de se poser ces questions, peut-être qu’on perd du temps, l’avenir nous le dira ! On avance en tâtonnant dans ce projet, on est confrontés tous les jours à des décisions dont on n’a pas l’habitude, mais au moins on y fait face en équipe et on réfléchit ensemble ! On se dit juste qu’on a de la chance d’entendre d’aussi beaux témoignages que ceux qu’on récolte tous les jours, alors on veut leur faire honneur et réussir à partager notre expérience avec le plus de fidélité et de sincérité possible. Pas simple…!
On prend le temps de déjeuner avec Bukky, mais elle n’a pas le droit de sortir trop longtemps de la maison. On va donc chercher un chawarma en bas de l’immeuble et on rentre discuter de ses habitudes au Nigeria, et surtout de la cuisine locale.
Après une petite pause digestive, on part en direction de l’université Saint-Joseph pour rencontrer Katie, une doctorante spécialisée sur le dialogue islamo-chrétien. Elle est en même temps cheftaine scoute chez les maronites et elle nous décrit les actions interreligieuses qu’elle mène avec les jeunes qu’elle encadre. Elle nous parle aussi du processus de réconciliation, qui est encore difficile au Liban, et de son père, qui est un vétéran de la guerre. Ensuite, elle nous emmène rencontrer Nehme, un prêtre orthodoxe qui nous reçoit dans son église. Il nous parle d’un projet mené avec une quinzaine d’écoles privées et publiques, de différentes religions, dans toutes les régions du Liban : ils ont travaillé sur la guerre civile avec des centaines de jeunes, en leur montrant un film qu’ils ont tourné sur des individus qui ont sauvé des personnes d’autres communautés pendant le conflit. Ils ont réuni 8 histoires inspirantes de ce type dans différents villages du pays, et ont pu enregistrer les témoignages sur ces héros locaux avant que certains ne perdent la possibilité de parler, à cause de leur grand âge. On a adoré cette idée, qui permet de montrer que même pendant une guerre civile, rien n’est jamais manichéen.
On est repartis en voiture avec Katie pour le deuxième chawarma de la journée, un délice ! Mais voilà, au moment de partir : sa voiture n’a plus de batterie. Là on est donc sur un parking, en attendant son père qui doit venir nous dépanner.
Adèle