Des 94,1 millions d’habitants d’Ethiopie 43% sont orthodoxes, 19% protestants, et moins d’1% catholiques. 35% sont musulmans et les 3% restants sont composés d’autres minorités. En addition à ces appartenances, environ 3% des éthiopiens ont des croyances animistes. A l’image du reste de l’Afrique du l’Est, le paysage religieux du pays est donc pluriel. Au contraire pourtant, des autres états de la région, le gouvernement est neutre et veille d’ailleurs à la compréhension mutuelle entre les religions. La liberté religieuse est inscrite dans la Constitution. Les conversions et les mariages mixtes y sont particulièrement tolérés. Par contraste, en Erythrée avec laquelle le pays est en perpétuelle tension, les chrétiens orthodoxes sont très contrôlés et poussés vers la conversion à l’Islam.
L’Ethiopie est le deuxième état chrétien le plus ancien au monde et n’a jamais été touché par la colonisation. Le christianisme qui y est pratiqué est ancestral, influencé dans sa christologie et dans sa liturgie par les églises syriaques comme par celles coptes d’Egypte. Du fait de la forte proximité de ce christianisme avec ses racines et donc avec son origine juive, les orthodoxes suivent un régime alimentaire kasher. L’Eglise éthiopienne orthodoxe interdit ainsi la consommation de porc et encourage la circoncision. Cette dernière est très présente dans le Nord du pays. Les églises charismatiques venues des Etats-Unis y sont également de plus en plus visibles, rivalisant avec elle dans l’espace physique et sonore.
L’Est du pays est plus peuplé par les musulmans, qui connaissent dans leurs rangs une forte progression du wahhabisme, mouvement politico-religieux issu du sunnisme et originaire d’Arabie Saoudite qui considère que ni chiites ni soufis ne sont croyants. Les juifs éthiopiens ont, eux, en grande partie émigré. Depuis l’opération Salomon en 1991 qui a mené environ 15 000 juifs en terre d’Israël, ils sont une minorité de moins en moins présente.
L’œuvre à la coexistence active est, dans ce contexte, à la fois œcuménique et interreligieuse. Le centre capucin franciscain, institut de philosophie et de théologie d’Addis Abeba réunit des chrétiens de tous les courants pour les études de textes et dans le même temps les fait vivre, manger et étudier ensemble. C’est le projet ambitieux de Daniel Assefa, directeur du centre, que d’insister sur l’unité de l’Eglise dans sa diversité.
La communauté catholique de St Jean dans la capitale a également mis en œuvre des ateliers pour les enfants de son quartier, majoritairement musulmans et orthodoxes, qui viennent apprendre à lire et jouer ensemble sur le lieu de vie des pères. Les catholiques, qui sont par certains éthiopiens appréhendés comme formant une église d’étrangers, ouvrent ainsi leur porte et font tomber la méfiance des parents devant le sourire des enfants ravis de se retrouver pour ce rendez vous hebdomadaire.