Portrait
Hebah a 40 ans et est directrice adjointe de la recherche au Center for Religion and Civic Culture de l’USC (Centre pour la religion et la culture civique) où elle travaille depuis 14 ans. Elle s’intéresse aux questions qui concernent la religion, la politique de l’identité, les nouvelles spiritualités et les mouvements de changement social. Ses recherches actuelles portent sur comment la résilience peut être basée sur la foi, mais aussi l’impact des groupes communautaires et les nouvelles spiritualités émergeant des organisations comme Black Lives Matter. Hebah se définit comme une chercheuse, et non comme une activiste ou une organisatrice de communauté en ce moment, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas profondément investie pour la justice sociale. Elle est d’ailleurs fière de son héritage et de sa lignée familiale de lutte pour la liberté. Née à Los Angeles, son père est égyptien et sa mère syrienne, et des deux côtés, sa famille était engagée contre l’impérialisme et la colonisation européenne. Elle considère alors qu’elle a la lutte anti-coloniale dans le sang ! Hebah est passionnée, elle aime observer et étudier la manière dont les religions évoluent et comment elles changent dans le monde. Elle a su nous parler de recherche sans jargon, sans détour. On a beaucoup appris en l’écoutant nous expliquer ses analyses pour mieux comprendre les pratiques militantes et contribuer à les améliorer !
Son action
Hebah nous a accueillies chaleureusement à son bureau de l’Université de Californie du Sud (University of Southern California – USC) à Los Angeles. Le Centre de l’USC pour la Religion et la Culture Civique @usccrcc fait progresser la compréhension de la religion et de la société et accompagne les leaders de communautés à devenir des partenaires, à prendre part aux changements de société. Il réunit des universitaires, des journalistes et des leaders religieux et religieuses. Le centre partage ses productions par le biais de médias, d’événements et de programmes de formation ! Par exemple, dans ce centre, Hebah étudie les moyens spirituels utilisés par le mouvement et ses membres dans le cadre de leur action militante, autant sur les outils employés que les revendications portées. Dans le cadre des manifestations Black Lives Matter, les pratiques spirituelles sont par exemple : allumer des bougies, utiliser la médecine traditionnelle par les plantes, s’habiller en blanc et beaucoup d’autres choses ! Le mouvement revendique entre autres la nécessité de reconnaître la guérison comme une action militante.
Des bonnes pratiques ?
Lorsqu’on pense au mouvement Black Lives Matter (BLM), ce sont les manifestations dans le monde entier ainsi que la mobilisation massive sur les réseaux sociaux qui nous viennent en tête ! Hebah nous a partagé des éléments du mouvement auxquels nous n’avions pas forcément pensé… D’abord, le mouvement Black Lives Matter a interrogé le fait que la foi soit aussi séparée du militantisme. Le mouvement incarne le « Faith for good », le fait de mettre ses convictions au service des causes, mais BLM souhaite même aller plus loin en proposant que la foi, la spiritualité, les pratiques religieuses soient une manière de s’engager. Ces actions spirituelles, cette « résistance sacrée », est alors au cœur de l’action militante.
« BLM, ce n’est pas seulement une lutte pour les droits, il s’agit de changer comment nous sommes (re)lié·es. »
BLM propose aussi une bonne pratique qu’il appelle « l’inclusion radicale » : un renversement total des systèmes de domination en mettant au cœur de la conversation et de l’action les populations marginalisées. La radicalité n’est pas utilisée seulement pour l’inclusion, mais aussi pour l’une des revendications phare du mouvement qui est l’engagement abolitionniste. Celui-ci demande une transformation profonde de tous les espaces sociaux. On entend souvent parler de la volonté de « defund the police / cesser les financements de la police » mais l’abolitionnisme exigé va beaucoup plus loin puisqu’il appelle à interroger entièrement toutes les structures sociales, religieuses, économiques, judiciaires ou même familiales !
Her Portrait
Hebah is 40 years old and is the Associate Director of Research at USC’s Center for Religion and Civic Culture, where she has worked for 14 years. She is interested in issues involving religion, identity politics, new spiritualities, and social change movements. Her current research focuses on how resilience can be faith-based, but also the impact of community groups and new spiritualities emerging from organizations like Black Lives Matter. Hebah defines herself as a researcher, not an activist or community organizer at this time, which is not to say she is not deeply invested in social justice. In fact, she’s proud of her heritage and her family lineage of fighting for freedom. Born in Los Angeles, her father is Egyptian and her mother is Syrian, and on both sides of the family, her family was engaged against European imperialism and colonization. She then considers that she has the anti-colonial struggle in her blood! Hebah is passionate, she loves to observe and study how religions evolve and how they change in the world. She was able to talk to us about research without jargon, without detours. We learned a lot from listening to her explain her analyses to better understand activist practices and help improve them!
Her action
Hebah warmly welcomed us to his office at the University of Southern California (USC) in Los Angeles. The USC Center for Religion and Civic Culture @usccrcc advances understanding of religion and society and coaches community leaders to become partners, to take part in societal change. It brings together scholars, journalists, and religious leaders. The center shares its productions through media, events and training programs! For example, in this center, Hebah studies the spiritual means used by the movement and its members in their activism, both on the tools used and the claims made. In the context of the Black Lives Matter protests, spiritual practices include lighting candles, using traditional herbal medicine, dressing in white, and many other things! One of the movement’s claims is the need to recognize healing as an activist action.
Some good practices ?
When we think of the Black Lives Matter (BLM) movement, it’s the protests around the world as well as the massive mobilization on social media that come to mind! Hebah shared with us some elements of the movement that we may not have thought of…First, the Black Lives Matter movement has questioned whether faith is so separate from activism. The movement embodies “Faith for good,” putting one’s beliefs to work for causes, but BLM wants to go even further by proposing that faith, spirituality, and religious practices are a way to get involved. These spiritual actions, this “sacred resistance,” is then at the heart of activism.
“BLM is not just about fighting for rights, it’s about changing how we are (re)bound.”
BLM also proposes a good practice it calls “radical inclusion”: a total reversal of systems of domination by putting marginalized populations at the center of the conversation and action. Radicality is used not only for inclusion, but also for one of the movement’s flagship claims, which is abolitionist engagement. This requires a profound transformation of all social spaces. We often hear about the will to “defund the police”, but the abolitionism demanded goes much further as it calls for a complete interrogation of all social, religious, economic, judicial or even family structures!