PortraitsSaison 5

Faire mémoire ensemble de la Nakba – Rachel – Zochrot

Une prise de conscience progressive

Rachel est née entre Ashdod et Yavne, dans le sud d’Israël, sa famille vient d’Europe de l’est et du Maroc. Elle a grandi près de villages palestiniens détruits pendant la Nakba de 1948. En grandissant, elle ne connaissait rien de cette histoire. Elle est née dans une famille sioniste et moderne orthodoxe. Sa vision de la paix était alors naïve et faisait partie de la génération qui a cru en la paix d’Itzhak Rabin. Rachel rencontre des palestinien·nes pour la première fois à l’université où elle étudie le droit. Elle quitte la région pour travailler en Chine en tant que journaliste sur la question des droits humains, et c’est là qu’elle se rend compte des injustices dans son pays et de l’effacement du narratif palestinien dans son éducation. Lorsqu’elle rentre, elle n’a qu’une chose en tête : s’engager pour changer ça, elle devient alors directrice de l’organisation Zochrot. 

Faire mémoire pour soigner les plaies de l’Histoire

Zochrot est une association israélienne créée en 2002 et dont le nom signifie “se souvenir” au féminin en hébreu. Se souvenir, cela fait référence à la mémoire de la Nakba, c’est-à-dire “la Catastrophe” en arabe. La définition de la Nakba change et évolue encore aujourd’hui selon les historiens et les activistes. Pour certains et certaines, cela correspond à l’exil forcé et les violences vécues par les Palestiniens et Palestiniennes entre 1948 et 1949 et pour d’autres, il s’agit de cet exil forcé et les violences à l’encontre des Palestiniens et des Palestiniennes depuis 1948 jusqu’à nos jours et c’est cette définition que Zochrot choisit. Ainsi Rachel nous explique que Zochrot vise à sensibiliser la communauté juive d’Israël à la Nakba, à promouvoir la loi du retour des réfugié·es palestinien·nes sans l’expulsion des juifs et juives israélien·nes et à long terme à réconcilier les populations juives et palestiniennes. Elle souhaite sensibiliser aux narratifs effacés.

Les activités de Zochrot sont nombreuses. D’abord l’association réalise un travail de collecte de données, d’informations et de témoignages sur la Nakba et ses conséquences sur les familles palestiniennes qui les vivent, ces données sont ensuite archivées et partagées pour le grand public. L’association organise également des tours de certains des 600 villages détruits entre 1948 et 1949 et raconte l’histoire de leurs habitant·es. Zochrot a aussi organisé une grande campagne d’affichage du nom initial en arabe des rues à Jaffa. Enfin, Zochrot fait un vrai travail de mémoire en organisant des commémorations des villages détruits.Zochrot a une équipe de 5 personnes salariées, 6 membres du conseil d’administration et 70 membres actifs. L’association sensibilise près de 4000 personnes par an.

Tikkun Olam comme philosophie

Rachel a fait un grand travail de remise en question de son éducation et elle est apaisée avec ça. La tradition juive du Tikkun Olam, le fait de soigner le monde, le rendre meilleur, l’accompagne dans son engagement radical pour la justice. Beaucoup de personnes la considèrent naïve, pour elle, c’est le contraire. Beaucoup de choses ont été essayées pour trouver une solution : la séparation, la réflexion autour d’une solution à deux états, l’ignorance du problème, et rien n’a marché. Selon Rachel, la seule solution est de reconnaitre l’humanité de chacun·e et surtout d’accepter le retour du peuple palestinien sur la terre. 


A progressive awakening

Rachel was born between Ashdod and Yavne, in southern Israel, her family comes from Eastern Europe and Morocco. She grew up near Palestinian villages destroyed during the 1948 Nakba. Growing up, she knew nothing of this history. She was born into a Zionist and modern orthodox family, she was educated in what she calls the Zionist myth, the one that led the pioneer Jewish people to build a country, the one that says “a land without a people for a people without a land”. Her vision of peace was naive then and was part of the generation that believed in the peace of Yitzhak Rabin.

Rachel met Palestinians for the first time at the university where she studied law. She leaves the region to work in China as a human rights journalist, and it is there that she realizes the injustices in her country and the erasure of the Palestinian narrative in her education. When she returned, she had one thing in mind: to get involved to change this, so she became the director of the Roots organization.

Remembering to heal the wounds of history

Zochrot is an Israeli association created in 2002 and whose name means “to remember” in Hebrew. Remembering refers to the memory of the Nakba, that is “the Catastrophe” in Arabic. The definition of the Nakba changes and evolves even today according to historians and activists. For some, it corresponds to the forced exile and violence experienced by Palestinians between 1948 and 1949 and for others, it is this forced exile and violence against Palestinians since 1948 until today and it is this definition that Zochrot chooses. And so Rachel explains that Zochrot aims to raise awareness of the Nakba among the Jewish community in Israel, to promote the law of return for Palestinian refugees without the expulsion of Israeli Jews and in the long run to reconcile the Jewish and Palestinian populations. She wishes to raise awareness of erased narratives.

Zochrot’s activities are numerous. First, the association carries out a work of collecting data, information and testimonies about the Nakba and its consequences on the Palestinian families who live them, these data are then archived and shared for the general public. The association also organizes tours of some of the 600 villages destroyed between 1948 and 1949 and tells the stories of their inhabitants. Zochrot has also organized a major campaign to display the original Arabic names of the streets in Jaffa. Finally, Zochrot does a real work of memory by organizing commemorations of the destroyed villages. Zochrot has a team of 5 salaried staff, 6 board members and 70 active members. The association raises awareness of nearly 4000 people per year.

Tikkun Olam as a philosophy

Rachel has done a great deal of work questioning her upbringing and is at peace with that. The Jewish tradition of Tikkun Olam, healing the world, making it better, accompanies her in her radical commitment to justice. Many people consider her naive, for her it’s the opposite. Many things have been tried to find a solution: separation, thinking around a two-state solution, ignoring the problem, and nothing has worked. According to Rachel, the only solution is to recognize each other’s humanity and especially to accept the return of the Palestinian people to the land. 

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