Son portrait
🇫🇷 (👉 English bellow) Nous désirions entendre l’expérience personnelle d’une femme cheffe spirituelle Candomblé et c’est Mãe Celina de Xangô qui nous a chaleureusement ouvert la porte de sa maison.Née dans une famille pratiquant l’Umbanda*, Mãe Celina se tourne petit à petit vers le Candomblé et devient une “mère de saints” de cette religion afro-descendante brésilienne. Elle accompagne environ 40 fidèles qu’elle reçoit chaque mois et à qui elle donne des conseils en faisant appel aux orixás, des esprits ancestraux d’origine africaine. Xangô, le dieu du tonnerre, est son gardien et c’est de lui qu’elle tient son incroyable force de caractère.
C’est en voyageant au Bénin que cette mère de saints prend conscience que l’ancestralité n’est pas réservée aux Brésilien·nes et qu’elle trouve sa voie : “Comment parler de paix si j’ai moi-même des limitations ? Si je dis que ma spiritualité n’est pas pour les autres ?” Elle y renforce les savoirs sur les herbes que sa mère et sa grand-mère lui ont enseignés, alors qu’elles ne savaient ni lire ni écrire. Aujourd’hui, elle donne des cours sur leur utilisation médicinale et en a même écrit un livre !
Mãe Celina n’a pas peur des agressions dont font pourtant l’objet les religions afro-descendantes au Brésil et affirme que “Si quelqu’un vient dans mon terreiro, cette personne est un peu folle. J’ai mes gardiens, je fais attention.” Elle a confiance en son destin et le résume en une simple question : “Pourquoi viendraient-ils m’agresser alors que je fais le bien ?” Quand on lui demande si elle a des ami·es d’autres confessions, sa réponse nous a interpellées : “J’ai des relations, mais pas des amitiés si fortes avec des personnes de différentes religions, car le Candomblé fait peur et quand j’en parle, les gens prennent du recul car ils l’associent au démon. J’en ai pris mon parti, j’ai ouvert la porte et ça ne se fait pas, tant pis pour eux.”
Le charisme et la détermination de Mãe Celina nous ont beaucoup touchées. Son témoignage nous a fait prendre conscience de l’ampleur des discriminations systémiques dont elle fait l’objet, comme beaucoup de personnes afro-descendantes au Brésil.
Son action
Mãe Celina a fondé le centre culturel @centro_cultural_pequena_africa à Rio. Celui-ci vise à rétablir et à préserver les valeurs culturelles de l’ancienne « Pequena África » (Petite Afrique). C’est dans ce quartier que les Africain·es arrivaient comme esclaves pendant la période du commerce triangulaire. Son institution met en place des expositions, des rassemblements réguliers avec des cercles de samba, des activités culturelles et des débats, le tout dans le but de récupérer et d’enrichir l’appréciation de l’histoire et de la culture afro-descendente de la ville.
Mãe Celina nous a confié qu’elle ne participait pas souvent aux actions militantes antiracistes et expliquait que d’après elle : “Les mouvements anti-racistes noirs ne marchent pas. Je suis fatiguée de donner ma voix pour qu’il ne se passe rien ! Si je ne le fais pas avec mon cœur, je ne le fais pas.” Pour elle, le plus important c’est de faire vivre la culture afro-descendante et le Candomblé.
Il ne faut pas juste être là avec son petit drapeau pour la paix, il faut faire la paix. Mon verbe, c’est “faire”.C’est pour cela que j’ai créé le centre culture “Pequena Africa” à Rio, pour faire vivre la culture afro-descendante et le Candomblé.
Cette position nous a beaucoup fait réfléchir. Nous sommes intimement convaincues de l’importance des luttes contre les discriminations et en même temps certaines que, comme le dit Mae Celina, que c’est grâce au “faire ensemble” que le rassemblement est possible.
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Bringing Afro-descendant culture to life in Rio – Mae Celina
His Portrait
We wanted to hear the personal experience of a female Candomblé spiritual leader and it was Mãe Celina de Xangô who warmly opened the door of her home to us.Born into a family practicing Umbanda*, Mãe Celina gradually turned to Candomblé and became a “mother of saints” of this Brazilian Afro-descendant religion. She accompanies about 40 followers whom she receives every month and to whom she gives advice by calling upon the orixás, ancestral spirits of African origin. Xangô, the god of thunder, is her guardian and it is from him that she gets her incredible strength of character.
It was while traveling in Benin that this mother of saints became aware that ancestrality was not just for Brazilians and found her way: “How can I talk about peace if I myself have limitations? If I say that my spirituality is not for others?” There she reinforces the knowledge of herbs that her mother and grandmother taught her, when they could not read or write. Today, she teaches classes on their medicinal uses and has even written a book about them!
Mãe Celina is not afraid of the aggressions that Afro-descendant religions are nevertheless subjected to in Brazil and says that “If someone comes to my terreiro, that person is a little crazy. I have my guards, I’m careful.” She trusts her destiny and sums it up in one simple question, “Why would they come and attack me when I’m doing good?” When asked if she has friends of other faiths, her answer challenged us, “I have relationships, but not such strong friendships with people of different religions, because Candomblé is scary and when I talk about it, people step back because they associate it with the demon. I took my side, I opened the door and it’s not done, too bad for them.”
Mãe Celina’s charisma and determination touched us greatly. Her testimony made us aware of the extent of the systemic discrimination she, like many Afro-descendants in Brazil, is subjected to.
Her action
Mãe Celina founded the @centro_cultural_pequena_africa cultural center in Rio. This aims to restore and preserve the cultural values of the former “Pequena África” (Little Africa). It was in this neighborhood that Africans arrived as slaves during the triangular trade period. Its institution sets up exhibitions, regular gatherings with samba circles, cultural activities and debates, all with the aim of recovering and enriching the appreciation of the history and Afro-descendant culture of the city.
Mãe Celina told us that she does not often participate in anti-racist activism and explained that in her opinion, “Black anti-racist movements don’t work. I’m tired of giving my voice for nothing to happen! If I don’t do it from the heart, I don’t do it.” For her, the most important thing is to keep the Afro-descendant culture and Candomblé alive.
You don’t just have to be there with your little flag for peace, you have to make peace. My verb is “to do”.That’s why I created the culture center “Pequena Africa” in Rio, to make the Afro-descendant culture and Candomblé live.
This position has made us think a lot. We are deeply convinced of the importance of anti-discrimination struggles and at the same time certain that, as Mae Celina says, that it is through “doing it together” that coming together is possible.