Hier, nous avons fait nos au revoir à la Finlande, ce vaste plat pays et son peuple discret mais chaleureux lorsqu’on se donne la peine (ou plutôt la joie) d’aller à sa rencontre. Souvent, il arrivait qu’on nous demande « Mais qu’allez-vous faire en Finlande, si ce n’est rencontrer des têtes blondes ? »
Le paysage interconvictionnel
Eh bien, figurez-vous que ces têtes blondes regorgent d’idées et d’inspiration pour créer une société inclusive tout en respectant sa propre histoire et héritage. La Finlande et ses 5 millions d’habitants, de par leur position géographique, n’ont jamais été une terre d’accueil comme on peut l’entendre lorsque l’on parle de l’Europe occidentale ou du sud. C’est un pays difficile d’accès et hostile lorsque l’on découvre ses températures et le mode de vie qu’elles peuvent imposer. On retrouve ainsi un brassage multiculturel bien plus relatif qu’ailleurs : la grande majorité des finlandais est protestante luthérienne. Par ailleurs, cette Eglise est la seule institution religieuse bénéficiant d’un système de taxation de ses fidèles et de redistribution pour rémunérer ses membres. La plus grande minorité du pays, les orthodoxes, ne représente que 1,6% de la population tandis que les musulmans et les catholiques, les deux minorités qui tendent le plus à se développer, comptent respectivement 50 000 et 15 000 fidèles. Les juifs et les Tatars (ici, minorité musulmane d’origine russe) sont quant à eux les plus anciennes minorités installées dans le pays notamment depuis le début du 20ème siècle.
Le système éducatif
Malgré un paysage démographique assez monolithique, la Finlande se veut inclusive des 80 nationalités et tout autant d’identités qui constituent sa société. C’est ainsi que le système éducatif reflète la mentalité finlandaise. Dans les classes de primaire, les enfants sont d’abord introduits à la culture religieuse du pays, les us et coutumes du protestantisme, ses fêtes et signification. Au collège les jeunes adolescents choisissent un cours introductif à la communauté religieuse à laquelle ils appartiennent. Il suffit seulement de 3 enfants appartenant à une même communauté religieuse pour que ceux-ci puissent bénéficier d’un enseignement spécifique. Cependant il est très compliqué de trouver des enseignants qualifiés pour enseigner le fait religieux des plus petites minorités, et même de l’Islam. Les enfants de convictions athée ou agnostique bénéficient quant à eux d’un enseignement d’éthique et de philosophie générale. Ces cours ne se veulent pas religieux dans la mesure où ils répondent à une volonté de donner les bases religieuses en prévention d’une quelconque radicalisation. Ce sont davantage des cours de « faits religieux » que de catéchisme par exemple. Au lycée, les jeunes ont l’occasion de discuter et de débattre tous ensemble sans être séparés par obédience religieuse.
Les débats autour des méthodes éducatives
Cette séparation dans les classes de collège est aujourd’hui au cœur des débats. Les courants séculaires aimeraient davantage un enseignement qui réunisse tous les élèves plutôt qu’un enseignement qui les divise. Un autre courant rassemblant certaines communautés religieuses mais également athée refusent que les enfants soient rassemblés. Certains dans l’idée de permettre un enseignement sur les origines et les traditions religieuses de chaque élève, d’autres pour éviter que leurs enfants n’aient un quelconque enseignement lié à la religion.
Ainsi, le dialogue semble parfois plus tendu entre les communautés religieuses et les courants de « free-thinkers » qui tentent de désensibiliser la population à la religion. La totalité des personnes que nous avons pu interviewer s’accordent à dire que les initiatives interreligieuses n’ont pas été suffisamment ouvertes aux mouvements de libre-penseur, athées et agnostiques. Une attention particulière est également nécessaire dans ce domaine pour réconcilier la population avec la religion. Aujourd’hui, si plus de 90% de la population est d’origine protestante luthérienne, 60% d’entre eux se considèrent athée ou agnostique.
Ce pays nous a offert une approche éducative ainsi qu’une vision de l’inclusion qui contraste avec celle que nous avons en France et qui semble proposer des solutions durables pour une société apaisée et moins clivée.
See you soon Finland! Next step: Estonia