Une vie à Bethléem
(English version below) Émili est née et à grandi à Bethléem et est chrétienne. Elle travaille depuis quelques années à Tahyeer, le mouvement palestinien pour la non-violence. Depuis petite, Emili a de grandes ambitions : elle veut être ministre du tourisme en Palestine, notamment parce que ce ministère est réservé (par la tradition) aux palestinien·nes chrétien·nes. Elle étudie alors pour devenir ministre, elle passe même deux ans à Besançon pour faire son master en politique publique et économie sociale. Pendant ses années en France, elle compare la situation entre la Palestine et la France sur les sujets de liberté de circulation, la gestion de l’eau et de l’électricité etc… Elle prend encore plus conscience des injustices que vit son peuple palestinien. Après un camp entre jeunes des deux côtés du mur, si elle ne garde aucun contact avec les personnes rencontrées, elle souhaite néanmoins s’impliquer dans la construction de la paix qui devient son engagement principal, personnel et professionnel.
Être une activiste de la non-violence
Émili a partagé les activités de Taghyeer portées par les bénévoles et les huit salariés. L’association accompagne, soutient et encourage tout palestinien·ne à devenir des actrices et acteurs du changement. L’accompagnement peut passer par un soutien financier, des formations ou une mise en réseau. Taghyeer est une organisation créée par Ali Abu Awad, un activiste de paix palestinien très connu pour son travail de réconciliation et de non violence après la mort de son frère tué par un soldat israélien. Il est même qualifié « d’acharné de paix » etest persuadé qu’il est possible de créer une génération d’activistes palestinien·nes non violent·es. Ainsi, tout l’été de 2016, Ali et les fondateurs de Taghyeer vont de villages en villages recruter des activistes qui croient en la non violence pour les regrouper lors d’une grande réunion de fondation. En septembre 2016, 3 500 palestinien·nes se réunissent donc à Jéricho et signent un pacte pour mettre fin à l’occupation israélienne avec des moyens non violents.
Taghyeer a trois programmes. Le premier programme s’appelle « les messagers de la paix ». 72 personnes en font partie, ce sont des personnes travaillant dans l’éducation, à la mairie ou encore en entreprises. Elles s’engagent à améliorer au quotidien la société palestinienne et à rompre les cycles de violence. Le deuxième programme concerne une charte écrite qui regroupe les valeurs et les principes de l’identité non-violente de l’organisation. L’objectif est que 100 organisations palestiniennes qui travaillent pour le changement signent cette charte et reconnaissent la non-violence comme un outil essentiel d’action. Le troisième programme est un groupe qui travaille sur le leadership des femmes dans la résolution de conflit. Il permet aux femmes de se former entre elles aux compétences et aux savoir être nécessaire pour prendre le pouvoir et la parole et agir dans la société palestinienne.
La théorie du changement comme horizon d’attente
Émili est une vraie leader, elle est une actrice de changement qui se réveille tous les matins avec la volonté d’améliorer la vie des palestinien·nes. Si elle a eu besoin de dire son histoire et son récit à des israélien·nes lors d’un camp de jeunes, elle s’engage aujourd’hui au sein de la société palestinienne. Elle garde en tête ce que son père lui dit toujours, il faut que les nouvelles générations aient une meilleure vie que celles et ceux qui les ont précédés.
« Qu’est ce qu’une personne qui vit sans espoir ? Pourquoi vivre sans espoir ? C’est la chose qui nous permet de nous réveiller le matin en Palestine, c’est ce qui nous permet de vivre dans cette situation difficile, surtout sous l’occupation et surtout c’est ce qui nous permet de vouloir une vie meilleure pour nos enfants »
Elle croit en la théorie du changement de Tahgyeer selon laquelle si l’organisation arrive à toucher 3% de la population palestinienne alors le changement finira par arriver. L’objectif est ambitieux, elle nous dit que Taghyeer souhaite y arriver dans 5 ans. Elle n’est pas sûre qu’ils et elles y arriveront, mais elle y croit, alors on y croit avec elle !
Her life in Bethleem
Emili was born and raised in Bethlehem, she is a Christian. She has been working for several years in Tahyeer, the Palestinian movement for non-violence. Since she was a child, Emili has had great ambitions: she wants to be a minister of tourism in Palestine, especially because this ministry is reserved (by tradition) for Palestinian Christians. So she studies for that, she even spends two years in Besançon to do her master in public policy and social economy. During these years in France, she compares the situation between Palestine and France on the subjects of freedom of movement, management of water and electricity etc., and she becomes even more aware of the systemic injustices that the Palestinian people live. After a camp between young people from both sides of the wall, if she does not keep any contact with the people she met, she nevertheless wishes to get involved in the construction of peace which becomes her main personal and professional commitment.
Taghyeer is an organization created by Ali Abu Awad, a Palestinian peace activist who is well known for his work in reconciliation and non-violence after his brother was killed by an Israeli soldier. He is even described as a “staunch peace activist”. He is convinced that it is possible to create a generation of non-violent Palestinian activists. So, throughout the summer of 2016, Ali and the founders of Taghyeer went from village to village recruiting activists who believe in nonviolence to bring them together in a large founding meeting. So in September 2016, 3500 Palestinians gather in Jericho and sign a pact to end the Israeli occupation with nonviolent means.
The association accompanies, supports and encourages any Palestinian to become actors of change. The accompaniment can take the form of financial support, training or networking. Taghyeer has three programs. The first program is called “messengers of peace”. 72 people are part of it, they are people working in education, in the city hall or even in companies. They are committed to improving the Palestinian society on a daily basis and breaking the cycles of violence. The second program is about a written charter that brings together the values and principles of the organization’s nonviolent identity. The goal is for 100 Palestinian organizations working for change to sign this charter and recognize nonviolence as an essential tool for action. The third program is a group that works on women’s leadership in conflict resolution. It allows women to train each other in the skills and knowhow necessary to take power and voice and action in Palestinian society.
The theory of change as an expectation horizon
Emili is a true leader, an agent of change who wakes up every morning with the will to improve the lives of Palestinians. If she needed to tell her story to Israelis at a youth camp, she is now involved in Palestinian society. She keeps in mind what her father always tells her, the new generations must have a better life than those who came before them.
What is a person who lives without hope? Why live without hope? It is the thing that allows us to wake up in the morning in Palestine, it is the thing that allows us to live in this difficult situation, especially under the occupation and above all it is the thing that allows us to want a better life for our children.
She believes in Tahgyeer’s theory of change that if the organization can reach 3% of the Palestinian population then change will eventually come. The goal is ambitious, she tells us that Taghyeer wants to get there in 5 years. She is not sure they will make it, but she believes, so we believe with her!