Partie I : le contexte
Chiffres clés :
- Indice de Paix : 1.544
- Indice de diversité religieuse : 6.7
L’indice de Paix est mesuré par l’institut d’économie et de paix en Australie à l’aide d’une méthodologie qui prend en compte 23 indicateurs et qui donne une note entre 1 et 5 à chaque pays, 1 étant un pays très pacifique et 5 étant un pays très instable. Voici le lien du rapport 2021 : https://www.visionofhumanity.org/wp-content/uploads/2021/06/GPI-2021-web-1.pdf
L’indice de diversité religieuse est porté par le Pew Research Center aux États-Unis. Il mesure le degré de diversité religieuse dans chaque pays entre 1 et 10, 1 étant un pays très peu divers religieusement et 10 un pays très divers religieusement. Voici le lien du rapport 2020 : https://www.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/7/2014/04/Religious-Diversity-appendix-1.pdf
La diversité de convictions à Maurice :
L’hindouisme représenterait la première religion à Maurice avec 49% de la population. Les chrétien·nes sont environ 32% avec une majorité catholique souvent créole. Les musulman·es représenteraient 17% des habitant·es de l’île. Il y a aussi des communautés bouddhistes et baha’ies minoritaires sur l’île. Alors, d’où vient cette diversité religieuse ?
Les chrétien·nes sont le plus souvent les descendant·es des colons ou d’esclaves.
Avant les colonisations successives hollandaise, française puis anglaise, il n’y avait personne sur cette île. Les descendant·es d’esclaves sont donc souvent chrétien·nes et appelé·es les “créoles” et les descendants des colons français, des franco-mauriciens. Aujourd’hui, les descendant·es des franco-mauriciens, les créoles et certains descendant·es de l’immigration chinoise font partie de la communauté chrétienne de l’île. Les créoles descendants d’esclaves sont souvent les individus les plus précaires de l’île.
La communauté hindoue est majoritaire à Maurice. Depuis l’indépendance, à une exception près, les premier·es ministres ont toujours été hindous. L’appartenance communautaire a donc une très forte influence sur la politique. Avec la fin de l’esclavage en 1835, les Anglais mettent en place une immigration de masse de personnes venant d’Inde ce qui explique le nombre très important d’hindous présents sur l’ile. Les hindou·es sont donc des descendant·es de “travailleurs engagés” qui cultivaient la canne à sucre sur l’île. Les temples hindous et tamouls, ornés de statuettes aux mille couleurs, sont aujourd’hui incontournables dans le paysage insulaire.
Les musulman·es, quant à eux, représentent 17 % de la population. Ils sont pour la plupart sunnites et descendants de ces travailleurs engagés. Les bouddhistes viennent majoritairement d’une partie de la communauté chinoise de l’île qui a immigré en même temps que la communauté indo-mauricienne. Les baha’i·es sont une communauté plus récente.
L’interconvictionnel et la paix à Maurice :
L’histoire de Maurice, de l’esclavage à l’engagisme mis en place par les puissances coloniales, fait d’elle une des sociétés les plus diverses du monde avec un indice de diversité religieuse de 6,7. La Constitution considère la liberté religieuse comme un droit fondamental et la coexistence religieuse est effective puisque l’Île Maurice est régulièrement considérée comme un exemple de vivre-ensemble. Les différentes communautés religieuses et leurs lieux de cultes se côtoient en effet sans heurts. Maurice est aussi un pays connu pour son système démocratique et sa croissance économique. Cependant, les histoires de chacune des communautés ne sont pas encore pleinement reconnues, enseignées et peuvent fragiliser la bonne entente du quotidien. La peur de nouvelles émeutes comme en 1999, où des violences inter-ethniques entre les personnes créoles et indo-mauriciennes ont éclaté, plane au-dessus de la sérénité mauricienne. Les inégalités économiques et sociales et leur corrélation ethnique ne sont pas suffisamment considérées comme des enjeux de politiques publiques. Ainsi, une loi du silence réside dans les sociétés, au sein de laquelle les acteurs et actrices de paix essayent tant bien que mal de consolider la cohésion sociale.
Dates clés :
- 1834 : fin de l’esclavage et début de l’engagisme à Maurice
- 1999 : émeutes
Partie II : l’étude InterFaith Tour
InterFaith Tour
- 4 villes étudiées : Port-Louis, Réduit, Quatre-Bornes,
- Saison 1, du 23 /11/2013 au 30/11/2013 : 2 entretiens
- Saison 5, du 08/02/2022 au 27/02/2022 : 7 entretiens avec 13 personnes (7 femmes et 6 hommes)
- 19 bonnes pratiques recensées
Les entretiens réalisés :
- Shameem, Hoolash, Aishe de la communauté Ahmadiyya
- Allia du Centre des Dames Mourides et du Conseil des Religions
- Anouchka et Coralie du bureau des affaires externes du centre bahá’í
- Eddy du Conseil des Religions
- Florence Caussé-Tissier, Ambassadrice de France à Maurice
- Chelvin et Anshingshen de Global Peace Chain Maurice
- Azhagan de l’université de Maurice
Nos découvertes et apprentissages :
Si les relations interreligieuses sont une réalité quotidienne pour beaucoup de Mauriciennes et Mauriciens, la population n’a que très peu de connaissances sur les pratiques religieuses des autres communautés ou encore leurs histoires. Ainsi, il nous a semblé que ces relations quotidiennes restaient superficielles et maintenaient des clichés et préjugés sur les différentes communautés.
Nous avons aussi compris qu’il existait une loi du silence concernant la fragilité de la cohésion sociale mais également sur la situation sociale et économique des communautés créoles, marquées par le racisme latent sur l’île.
Cependant, les politiques publiques ainsi que les actions nombreuses des associations favorisent ensemble l’outil interreligieux pour contrecarrer la fragilité du vivre ensemble et les inégalités sociales et économiques.
Les organisations interreligieuses :
- Conseil des religions
- Global Peace Chain Mauritius
Les bonnes pratiques recensées :
- Événement de dialogue
- Conférences
- Campagnes de sensibilisation
- Projet de recherche sur l’interreligieux à Maurice
- Sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein
- Activités de solidarité
- Ateliers interreligieux sur les enjeux sociétaux
- Représentations lors de célébrations religieuses ou événements interreligieux
- Ouverture des événements bahá’ís
- Lutte contre le sida
- Prières interreligieuses
- Communiqués
- Médiation
- Camp de jeunes interreligieux
- InterCutltural Education, ICE (éducation interculturelle)
- Rassemblement pour la paix
- Actions locales de solidarité
- Le programme « peace and interfaith studies »