Amnesty International
Lutte contre la vindicte populaire
En 2018, Amnesty International a organisé une table ronde sur la lutte contre la vindicte populaire au Bénin. C’est un fléau qui parcourt tout le pays, et en particulier les zones rurales : des tribunaux populaires tranchent localement certaines affaires, et la peine de mort est souvent appliquée sans que l’accusé ne soit passé devant la justice. Le coordonnateur de la mission « peine de mort et actions urgentes » de l’ONG a donc choisi d’organiser une table ronde réunissant plusieurs acteurs publics, associatifs, ainsi que des dignitaires de différentes religions du Bénin. Leur présence était essentielle pour permettre de diffuser un message commun de condamnation de la vindicte populaire, et utiliser leur grande influence sur les citoyens béninois pour les sensibiliser. Il a été également proposé d’utiliser le cinéma pour montrer au plus grand nombre la dangerosité du phénomène, et le film « La mort au coin de la rue » de la réalisatrice béninoise Fidèle Kossou a été projeté dans ce but.
Communauté Sant’Egidio du Bénin
Les écoles de la paix
La communauté Sant’Egidio considère que la paix au Bénin n’est pas un acquis, elle est notamment menacée par l’extrémisme religieux et la présence de Boko Haram dans le Nigéria voisin. Consciente que la paix n’est pas atteignable dans un pays où les besoins les plus élémentaires des populations ne sont pas assouvis, et que la vulnérabilité mène souvent à la violence, l’institution a crée les « écoles de la paix ». Elles permettent à la communauté de recueillir des enfants de rue, ou des enfants déscolarisés, généralement à l’âge de l’école primaire, dans les quartiers les plus vulnérables de la ville. Le seul critère de sélection est la vulnérabilité, il y a donc des enfants de différentes religions dans ces « écoles de la paix », en particulier dans le nord du Bénin où les communautés musulmanes sont plus représentées. Ces écoles se tiennent dans des bâtiments « neutres », qui ne sont pas des paroisses, pour que les parents des enfants musulmans ou des religions endogènes soient plus à l’aise. Les écoles de la paix vont au delà des objectifs publics de scolarisation, elles travaillent avec leurs élèves sur l’éducation à la paix et à la non-violence. Les enfants sont également encouragés à s’ouvrir au monde qui les entoure : ils sont invités à entrer en contact avec des enfants des autres communautés Sant’Egidio dans le monde, pour en apprendre plus sur leurs modes de vie et leur quotidien.
Colloques interreligieux
Les responsables de la communauté chrétienne de Sant’Egidio entretiennent des rapports très fraternels avec les responsables des autres religions représentées au Bénin. Ils organisent régulièrement des colloques, panels et tables rondes sur différents sujets de société, pour permettre aux responsables des passer du temps ensemble et d’apprendre à se connaître, de prier en commun et de réfléchir à différentes thématiques liées à la construction de la paix. Ils ont par exemple travaillé sur le mariage mixte : l’enjeu était d’adresser la question d’une réalité vécue par beaucoup de citoyens béninois, et sur laquelle un certain nombre de préjugés sont répandus dans la société. Ils ont également organisé en commun des manifestations pour la paix ou la protection de l’enfance, ou contre la peine de mort. Il y a deux ans, une journée a été proposée sur la question des migrants : tous les responsables des religions majoritaires du Bénin étaient présents, et ont été sensibilisés à la nécessité d’alerter leurs fidèles, en particulier les jeunes, sur la dangerosité de traverser la Méditerranée et de les aider à comprendre qu’ils peuvent se réaliser dans leur pays.