Combattants for peace
Combattants for peace est un mouvement formé conjointement en 2015, durant la 2eme intifada, par des Palestiniens et des Israéliens qui ont pris une part active dans le cycle de la violence : des israéliens qui ont servi dans l’armée et des palestiniens condamnés ou emprisonnés pour leurs actes de violence. Ils ont réalisé un documentaire, « Disturbing the Peace », qui montre comment d’anciens combattants ennemis se sont rassemblés pour former une association promouvant la paix.
L’organisation a différents groupes locaux régionaux, dirigés par des duos de coordinateurs israéliens et palestiniens, qui organisent un certain nombre d’actions directes de résistance non-violente pour protester contre le système d’occupation. Ils travaillent également de différentes manières sur des programmes d’éducation informelle, avec des mouvements de jeunesse, des établissements scolaires ou des programmes de formation au service militaire. Chaque groupe s’adapte à ses réalités locales, et utilise des moyens d’action spécifique. En plus de ces groupes locaux, il existe un groupe particulier pour les femmes activistes, qui promeut l’égalité des genres, et un groupe qui travaille sur les différentes manières d’utiliser le théâtre comme un outil d’activisme.
Les membres de Combattants for Peace mènent des témoignages à deux voix, proposés par un palestinien et un israélien, devant des groupes de jeunes, lycéens ou étudiants. Ils partagent leurs parcours de vie et expliquent comment ils sont arrivés à considérer comme des alliés ceux qu’ils voyaient comme des ennemis. Ils souhaitent montrer que les gens et les mentalités peuvent changer et proposer un double narratif du contexte israélo-palestinien, qui peut apparaître aujourd’hui comme bloqué de manière définitive.
Ils ont crée un programme pour les jeunes israéliens sortant du service militaire, qui leur permet de passer 6 semaines à Jérusalem pour étudier la culture palestinienne et la situation telle qu’elle est vécue à Gaza, ou encore prendre des cours d’arabe.
Parents Circle – Families Forum
Parents Circle est une organisation israélienne et palestinienne qui réunit plus de 600 familles ayant perdu un proche dans le conflit. Ils travaillent sur la réconciliation en partageant leurs deuils, et leurs différents narratifs. De nombreux projets sont utilisés pour permettre aux participants israéliens et palestiniens de partager leur histoire, personnelle et nationale, en s’appuyant sur des lieux aussi emblématiques que le mémorial de Yad Vashem ou le village Lifta (détruit en 1948). En 2014, Parents Circle a monté une tente sur une place de Tel Aviv, qui est restée en place pendant 70 jours, où des activistes se sont succédés pour interpeller les passants, qu’ils soient alliés ou ennemis des valeurs de l’association. Ils ont partagé leurs histoires personnelles et tenu des moments de dialogue ouverts à tous sur des sujets aussi divers que le conflit israélo-palestinien, les arabes israéliens, les initiatives locales, la place des femmes dans les processus de paix, ou l’analyse légale et politique du conflit.
Parents Circle a un groupe spécifiquement féminin qui travaille sur la place des femmes dans les processus de paix. Elles ont organisé un certain nombre d’évènements et de projets artistiques sur cette thématique. En 2013, le projet « The presence of the Void » (la présence du vide) permettait à des femmes, mères, sœurs, filles, nièces, ayant perdu un être cher dans le conflit d’exposer des photographies qu’elles avaient prises pour représenter l’absence, le manque et le vide dans leur vie quotidienne. Elles ont également produit en commun un livre de recettes, qu’elles ont cuisinées ensemble. En 2009, l’exposition « I see you, I see me » mettait en scène des photos de famille appartenant à des femmes palestiniennes et israéliennes sur des miroirs, pour que les spectateurs fassent le lien entre leur présent et l’influence que le passé représenté par la photographie peut avoir dessus.
Combattants for peace / Parents Circle
Combattants for Peace et Family Circle organisent chaque année depuis 14 ans une cérémonie mémorielle commune israélo-palestinienne. Tous les 7 mai, des milliers d’israéliens et palestiniens se rejoignent pour pleurer ensemble leurs morts, et transformer les récits victimaires et revendications d’unité. Plus de 55 000 personnes, partout dans le monde, participent à l’événement à distance. En 2017, des protestataires d’extrême-droite ont jeté de l’urine et des déchets sur les familles endeuillées pour manifester leur refus d’unité. Ces personnes ont été invitées à des ateliers de dialogue pendant toute l’année qui a suivi, et contre toute attente elles ont fini par accepter le message de la cérémonie. L’événement est attaqué de manière répétée par des citoyens ou par le gouvernement israélien, mais il continue de rassembler un public chaque année plus nombreux. La cérémonie est financée entièrement par des dons.
Roots
Roots est un mouvement israélien et palestinien, issu de la société civile, qui vise à développer le dialogue et la compréhension mutuelle. Ils organisent tous les mois des échanges interreligieux, conférences et groupes de réflexion sur des thématiques variées. Pour le ramadan, ils mettent en place des iftar partagés lors desquels des israéliens viennent partager le repas des palestiniens. Ils ont de nombreux programmes d’éducation informelle, qui accompagnent des jeunes après l’école ou avant leur service militaire. De nombreux projets de Roots sont menés dans la région de Gush Etzion et Bethlehem, où se trouve l’une des colonies les plus tendues. L’organisation a crée là-bas un centre communautaire, sur une petite bande de terre qui est accessible librement aux colons israéliens et aux palestiniens, où ils peuvent s’asseoir pour échanger et dialoguer.
Roots a une équipe de « réponse aux incidents », composée de citoyens israéliens et palestiniens qui viennent visiter les sites ou les familles victimes d’attaques, des deux bords du conflit, pour montrer leur solidarité et condamner toutes les formes de violence. Ils ont crée des canaux de communication entre les responsables et citoyens des communautés voisines de palestiniens et israéliens, qui se réunissent dans les périodes de tensions pour partager des stratégies permettant d’endiguer l’escalade de la violence.
Mahapach-Taghir
Le travail de Mahapach-Taghir se concentre principalement sur le féminisme, l’activisme communautaire et la coopération israélo-palestinienne (l’association est sous la direction partagée de deux femmes juive et palestinienne). L’organisation a commencé comme un centre d’apprentissage pour les enfants, et est rapidement devenu un centre d’activisme communautaire et une plateforme où les groupes de femmes et les étudiants peuvent exposer leurs narratifs juifs et palestiniens. L’organisation a développé des centres d’apprentissage dans sept lieux : Florentine, Kiryat Schmona, Kiryat Yovel, Maghar, Tamra, Yaffat elNassera, Yad Eliyahu et Tira. Elle accompagne plus de 600 enfants et familles et facilite la formation de plus de 150 étudiants universitaires en Israël. Le fonctionnement est simple : les étudiants travaillent avec les enfants pour les aider à développer leur esprit critique et les encourager à parler de leurs traditions et de leur identité. Grâce au développement de cette pédagogie critique avec les enfants, les étudiants sont formés pour devenir des leaders de la communauté. Les parents, et surtout les femmes, bénéficient de temps libre supplémentaire pendant que leurs enfants sont pris en charge dans les centres d’apprentissage : elles peuvent donc participer à certaines réunions de Mahapach-Taghir organisées autour de leurs intérêts locaux commun.
L’organisation agit également à l’échelle nationale : elle invite différents groupes à faire connaissance avec d’autres communautés qui luttent et se battent pour faire entendre leurs intérêts. Ils invitent les communautés vivant à une ou deux heures de distance l’une de l’autre à se réunir quatre fois par an pour développer des projets communs.
Interfaith Encounters
Interfaith Encounters agit depuis 18 ans pour créer des groupes locaux interreligieux dans différentes régions d’Israël et de Palestine. Plus de 105 groupes réunissent ainsi des citoyens de différentes religions, chrétiens, musulmans et juifs, dont des colons israéliens et des palestiniens (notamment dans la région d’Hébron). Les groupes sont crées sur la base d’intérêts communs, qu’ils soient géographiques ou autres (âge, thématiques…). Interfaith Encounters réunit par exemple des groupes d’adolescents, ou de musiciens, ou encore des étudiants de deux écoles palestiniennes et israéliennes qui se réunissent dans le cadre de simulations MUN (Modèles des Nations Unies). Les groupes se réunissent au minimum une fois par mois mais souvent plus, pour échanger autour de thèmes prédéfinis qui recoupent 4 catégories : le cycle annuel (vacances, jours fériés religieux, calendriers…), le cycle de vie (mariage, divorce, adolescence, avortement, circoncision, euthanasie…), les histoires et personnages de textes sacrés, et les autres sujets (vêtements, lois, statut des femmes, charité…). Un manuel est proposé pour aider chaque groupe à animer ses évènements de la manière la plus simple possible. Souvent, les représentants de chaque religion préparent une présentation de quelques minutes sur le thème proposé puis la discussion se lance. L’enjeu est de crée artificiellement des conversations qui soient le plus naturelles et fluides possibles. En dehors de cela, chaque groupe développe ses propres déroulés et spécificités.
Peres Center for Peace and Innovation
Le Centre Peres pour la Paix et l’Innovation vise à créer du lien social en Israël et en Palestine en réunissant des milliers de bénéficiaires de différents âges, genres ou religions à travers des projets centrés sur le sport, l’entreprenariat, la santé ou l’environnement.
Le Centre Peres a créer des équipes junior de football qui réunissent juifs, musulmans et chrétiens, israéliens et palestiniens, filles et garçons, pour des entrainements communs tout au long de l’année. Ils ont aussi formé des dizaines de jeunes à organiser des événements sportifs alternatifs centrés autour de valeurs comme le fairplay pour d’autres jeunes juifs et musulmans. Par exemple, ils ont organisé une partie de football durant laquelle un but n’était validé que s’il faisait suite à une passe entre deux joueurs palestinien et israélien.
Le Centre Peres met en relation des familles d’enfants syriens et palestiniens en attente de soins avec des hôpitaux israéliens équipés de matériel performant. Il supervise la coopération administrative et opérationnelle de tous les acteurs de cette chaîne de solidarité depuis la facilitation du passage des check-points jusqu’aux soins en eux-même. Au delà des vies sauvées, ce projet permet de créer des liens forts entre toutes les maillons de cette chaîne. Il permet aussi souvent de rapprocher des familles israéliennes et palestiniennes qui patientent dans la même salle d’attente pendant l’opération de leurs enfants. Le Centre Peres met également en place un programme qui permet à des médecins et chirurgiens palestiniens d’être formés en Israël pendant plusieurs années.
Le Centre Peres a crée l’un des premiers incubateurs de start-ups en Palestine, pour permettre de développer l’innovation palestinienne et de créer des ponts avec l’écosystème entrepreneurial israélien, en fort développement. Il a également mis en place un programme de partenariat entre des entreprises palestiniennes et israéliennes pour leur permettre de prétendre à des opportunités qui leur profiteraient de manière égale.
Le Centre Peres développe aussi la coopération écologique. Un de leur programme réunit des chercheurs israéliens, palestiniens et jordaniens pour travailler sur les pesticides invasifs. Un projet permet également à des israéliens et à des palestiniens de créer des toits végétaux sur des centres communautaires.
Rabbis for Human Rights
Rabbis for Human Rights est une organisation israélienne de rabbins qui utilisent leur influence et leur position morale pour faire respecter les droits humains en Israël et en Palestine. Ils mènent un certain nombre d’actions et de protestations non-violentes.
Ils accompagnent par exemple des agriculteurs palestiniens lors de la récolte de leurs olives : un moment où ils sont particulièrement vulnérables pour ceux dont les champs se trouvent proches des colonies israéliennes. Il n’est pas rare qu’ils se fassent attaquer par des citoyens ou des forces de l’armée dans ces cas là, et la présence de rabbins à leur côté permet d’assurer leur sécurité et d’empêcher notamment qu’on leur lance des pierres. Les rabbins et les autres volontaires les aident à récolter les olives, et forment des chaînes humaines autour d’eux en cas d’attaques. Ils se réunissent aussi souvent pour s’asseoir devant les bulldozers chargés de démolir des maisons palestiniennes. Enfin, l’organisation possède une équipe juridique chargée d’accompagner les palestiniens victimes d’abus à Gaza.
Rabbis for Human Rights mène également beaucoup d’actions éducatives, formelles et informelles. Ils sont notamment présents dans un certain nombre d’académies prémilitaires, où ils préparent les futurs membres de l’armée à respecter les palestiniens pendant leur service. Pour ce faire, ils les sensibilisent au narratif palestinien, organisent des visites thématiques et des rencontres interreligieuses et interculturelles.