Faith Forward Dallas
Faith Forward est une organisation interreligieuse née à Dallas en 2015, à la suite d’attaques islamophobes contre la communauté musulmane. Des responsables juifs et chrétiens évangéliques ont alors eu l’envie d’agir pour manifester leur soutien, et de se réunir pour réfléchir à la meilleure manière d’être des alliés face à des discriminations ou persécutions. Les représentants des trois religions abrahamiques ont depuis développé une relation d’amitié très forte, et conscientisé que l’essentiel pour eux dans les moments difficiles étaient de « show up », être présent. Ainsi, par exemple, le rabbin et quelques prêtres se sont rendus dans une mosquée où des suprémacistes tentaient d’intimider les fidèles avec des armes pendant la prière. Les communautés musulmanes et chrétiennes ont accompagné leurs amis juifs après les attentats meurtriers dans une synagogue à Pittsburgh. Depuis, à chaque événement de ce genre, les responsables religieux se montrent présents les uns pour les autres, pour partager un message d’unité aux fidèles qui les suivent.
Plaidoyer sur le contrôle des armes
Au delà de leur simple présence, les responsables de Faith Forward Dallas s’engagent pour faire avancer les questions sociétales qui animent leur ville. Ils ont ainsi crée tout un réseau de partenaires au sein de leurs communautés, à la mairie, au conseil de la ville ou auprès de la police. Grâce à ces leviers, ils utilisent différents moyens pour faire du plaidoyer politique sur la question du contrôle des armes. Ils n’ont pas pour objectif de modifier le second amendement de la Constitution américaine qui garantit le droit de porter une arme aux citoyens américains, mais souhaitent que la régulation soit plus forte car, d’après eux, n’importe qui ne devrait pas être autorisé à porter n’importe quelle arme, n’importe quand. Ils mènent également des actions de terrain pour évaluer et calculer les conséquences de la politique actuelle en matière de port d’armes.
Manifestations pour l’accueil des migrants à la frontière
Faith Forward Dallas s’engage également à faire de la ville un lieu d’accueil autant que possible pour les migrants souhaitant s’installer aux Etats-Unis. Ils tiennent à rappeler que leur nation s’est construite autour de l’arrivée de différentes vagues migratoires, et qu’elle doit aujourd’hui s’en rappeler et agir en conséquence. En aout dernier, les responsables religieux se sont rendus à El Paso, à la frontière entre les USA et le Mexique, pour protester contre la séparation des familles. Ils savaient avoir peu de possibilités de changer la situation actuelle, mais souhaitaient encore une fois « show up », être présents pour témoigner des atteintes aux droits de l’homme menées à la frontière, et apporter leur soutien.
Muslim – Jewish Christmas
Le responsable musulman Shariq Ghani et le rabbin Steve Gross ont participé ensemble il y a quelques années à un voyage dans les Balkans, au cours duquel ils souhaitaient observer les pratiques interreligieuses utilisée dans des sociétés affectées par la guerre pour reproduire certaines pratiques innovantes à Houston. Ils en sont revenus avec une amitié profonde. Un jour, Shariq a demandé à Steve ce que les juifs faisaient le soir de Noël. Il a répondu qu’ils allaient souvent au restaurant chinois (le seul ouvert ce soir là) et ensuite au cinéma : la même chose que la communauté musulmane ! Ils ont donc décidé de se rassembler pour cette journée chaque année, et l’initiative s’est étendue à 20 nouvelles villes.
« Stand-up for each other »
Les responsables profitent de cette journée commune pour travailler chaque année sur une nouvelle thématique. En 2019, le thème était « stand up for each other », se défendre/se soutenir mutuellement. Les participants étaient répartis par paires mixtes entre musulmans et juifs et devaient parcourir un certain nombre de salles où différents scénarios leur étaient proposés. Ces scénarios étaient inspirés de discriminations vécues régulièrement ou ponctuellement par l’une des communautés : dans chaque salle, la paire de participants devait prendre 5 minutes pour détailler les différentes manières de se soutenir face à cette situation et avaient également du temps pour partager leurs témoignages sur des histoires similaires vécues dans leur entourage. La plupart des paires ont crée à cette occasion un lien très fort qui les a encouragés à se revoir.
Interfaith Ministeries for greater Houston
Interfaith Ministeries for greater Houston réunit depuis 50 ans des citoyens de différentes communautés religieuses de Houston pour mener des missions de solidarité au service de leur ville.
Dialogue interreligieux
Leur programme de dialogue encourage la connaissance mutuelle, à travers des ateliers dans des écoles ou des lieux de cultes, avec des associations, des entreprises, des jeunes ou des citoyens. Le pasteur Gregory Han mène des rallyes de 3 ou 4 lieux de cultes en une journée avec plusieurs écoles pour permettre aux élèves d’en apprendre plus sur les différentes pratiques religieuses de leur ville. Il a également crée un podcast, « the interfaith project podcast », dans lequel il donne la parole à des citoyens de Houston pour qu’ils parlent de leur foi. L’idée est de permettre aux auditeurs de découvrir « un sikh de Houston », « un sikh qu’ils pourraient rencontrer » et son quotidien, au lieu d’apprendre des faits théoriques sur la religion sikh. Le podcast est notamment centré sur les différentes fêtes religieuses, qui sont un bon moyen d’entrer dans la thématique. Le prochain sujet sera « les rites de passage » : la naissance, l’adolescence, le marriage ou la mort, vus au travers des différentes traditions religieuses. Le podcast permet de gagner en accessibilité, dans une ville où les trajets sont souvent difficiles et uniquement possibles en voiture.
Service d’aide aux réfugiés
Le programme d’aide aux réfugiés est le dernier maillon d’une chaine de projets portée par le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés. Interfaith Ministeries for Greater Houston est en charge de d’accueillir les familles réfugiées à l’aéroport et des les accompagner pour trouver un hébergement, un travail, prendre des cours de langue, scolariser leurs enfants, ou apprendre la culture locale. Ils ont différents programmes, comme des groupes qui donnent des outils aux femmes réfugiées pour se démarginaliser, en leur donnant des cours de natation ou en leur permettant de valoriser certaines compétences par la vente de pâtisseries qu’elles cuisinent par exemple.
« Meals On Wheals »
Leur programme « Meals on Wheals » (repas sur roues) permet de distribuer des repas aux personnes âgées, socialement isolées ou particulièrement vulnérables. Les volontaires de l’Interfaith Ministeries for Greater Houston leur apportent des repas au minimum 5 fois par semaine, ce qui leur permet de vérifier qu’ils sont en sécurité et en vie, et de leur procurer une interaction sociale qui est parfois la seule de leur journée. Ils livrent également des repas aux femmes qui viennent d’accoucher, le taux de mortalité maternelle étant très élevé dans la région.
Jerusalem Peacebuilders
Programme d’été
Jerusalem Peacebuilders organise des programmes d’été qui réunissent des jeunes israéliens, palestiniens et américains de 14 à 18 ans. Ils prennent 2 semaines pour parler du conflit, partager leurs narratifs et suivre des cours sur la construction de la paix. L’enjeu est de permettre aux jeunes américains de faire le lien avec les questions liées à la justice sociale et à la paix dans leur propre pays : le racisme, le sexisme, l’intolérance religieuse ou la polarisation politique jouent des rôles prépondérants dans les deux contextes. Entendre des perspectives sur une situation extérieure avec des similarités aide parfois à prendre du recul sur sa propre situation. Les jeunes américains peuvent également jouer ce rôle extérieur pour les israéliens et palestiniens qui partagent souvent leur perspective du conflit pour la première fois. L’enjeu d’inviter de jeunes américains est de leur permettre de devenir des citoyens actifs, capables de prendre des décisions éclairées concernant la politique étrangère de leur pays, compte tenu de l’implication des Etats-Unis au Moyen-Orient. En proposant cette expérience à des jeunes, Jerusalem Peacebuilders souhaite améliorer la visibilité de ce conflit qui est souvent méconnu ou perçu de manière très polarisée. L’organisation propose souvent à des jeunes membres des clubs des nations unies, se destinant à faire de la diplomatie, de rejoindre ses programmes. Lors d’un jour, à New York, les jeunes ont l’occasion de rencontrer les diplomates des Nations Unies qui travaillent sur le conflit israélo-palestinien, puis les membres de la représentation des Etats-Unis auprès des Nations Unies pour entendre leur perspective.
Programme scolaire
Jerusalem Peacebuilders a évolué depuis 2 ans pour également proposer des projets scolaires : si les jeunes ne sont accompagnés dans leur démarche active de pacification que 2 semaines, ils sont potentiellement soumis à des environnements pressurisant le reste de l’année qui tendent à leur faire retrouver leur ancien mode de pensée polarisé. L’organisation donne donc des cours de leadership et de construction de la paix, à la fois en Israel et Palestine et aux Etats-Unis. Lors d’un de leurs exercices, ils demandent aux jeunes de réfléchir aux différents éléments qui constituent leur identité : leur religion, leur genre, leur classe, leur orientation sexuelle, leur age, leur nationalité, leur profession, leur famille, leur habilité physique et psychologique…etc. Ils questionnent ensuite ce qu’ils trouvent important par rapport à ce que la société valorise, ce qui manque, les valeurs qu’ils défendent. L’idée qui sous-tend cet exercice est que beaucoup de séparation viennent de conceptions identitaires : une discussion sur les identités multiples aide à trouver un terrain commun, qui est la base de la construction de la paix.
Programme pour adultes
Jerusalem Peacebuilders a également ouvert un programme pour les adultes, qui réunit des responsables religieux, des enseignants, des avocats et des activistes, venus d’Israel, de Palestine et des Etats-Unis. La seconde édition était concentrée autour d’une question : comment utiliser les programmes scolaires d’anglais pour intégrer des enseignements d’éducation à la paix ?
Rothko Chapel
La Chapelle Rothko est un espace culturel et cultuel qui invite des gens de tous horizons, religieux et non religieux, à vivre une expérience spirituelle et communautaire à travers l’art et la promotion des droits humains. La Chapelle est habillée de 14 grands tableaux du peintre expressionniste Marc Rothko, qui souhaitait permettre au public de vivre par l’art une émotion spirituelle.
La Chapelle organise chaque mois des évènements intitulés « Twelve moments : experiencing spiritual and faith traditions ». Quelqu’un vient, lors d’un atelier, présenter une pratique contemplative liée à l’une des diverses traditions religieuses ou non-religieuse de Houston, tout en explorant des thèmes comme la résilience, la différence, le pardon, la justice ou le renouveau. Ces ateliers sont l’opportunité de réunir à la fois croyants et non-croyants derrière la découverte de nouvelles formes de conscience de soi et du monde.
La Chapelle Rothko organise également un « interfaith thanksgiving », qui réunit chaque année plus de 9 communautés différentes. Les participants décident d’un thème et proposent une chanson ou un texte, une partie dans leur langue d’origine et l’autre en anglais. Cette année, la thématique liée était « protéger la création » et a entrainé de nombreuses soirées de dialogue par la suite sur le lien entre écologie et spiritualité.
Tous les mois, la Chapelle accueille une performance artistique liée à une question spirituelle. Cette année, elle a par exemple présenté une pièce de théâtre dansée sur la question du changement climatique, de la poésie inspirée de textes religieux et accompagnée de violon et piano-voix, ou encore le dialogue imaginé par un artiste en réponse à la lettre écrite par un prisonnier sur la question de la peine de mort.
Enfin, la Chapelle organise des symposiums, conférences et actions sur des questions relatives aux droits humains. Cette année, le thème sera la justice climatique, la manière dont elle impacte en premier lieu les populations marginalisées politiquement, socialement et économiquement, et la réponse communautaire qui peut y être apportée. Une tournée des sites les plus toxiques de Houston sera même organisée pour prendre la mesure des défis locaux sur cette thématique.
Friends for good
Friends for good est une organisation de Dallas qui permet à des membres de différentes communautés religieuses de partager des repas ensemble, pour discuter de certaines thématiques choisies. L’action se concentre sur les individus et les fidèles, et non sur les responsables religieux, pour permettre un contact direct entre les communautés de la ville. Plus de 60 personnes, depuis 3 ans, ont participé au programme. Le partage de la nourriture est déjà considéré comme un acte fondateur de fraternité : l’organisation incite à reconnaître les différences politiques et théologiques, mais démontre que lorsqu’une relation solide s’est construite au préalable, elle ne peut pas être mise en danger par les débats sur ces thématiques.
Galeria Gang
Dans le quartier de Galeria, à Houston, 3 prêtres évangéliques, 3 rabbins et 1 imam se réunissent une fois par mois pour étudier des textes issus de la Torah, de la Bible et du Coran sur un sujet donné. Ils mettent au jour leurs similarités et leurs différences sur certaines thématiques, et partagent régulièrement leurs découvertes avec leurs fidèles.