À la découverte de Pristina
Ce matin, réveil à la mosquée de Labinot. Floraine, Vincent et moi avons un peu de mal a prendre l’habitude d’entendre les hauts parleurs avec la prière à 5h du matin dans la salle où l’on dort, donc on avait de petits yeux au réveil. Mais on était ravis d’entamer la journée dans un nouveau pays : on avait balisé la matinée pour découvrir un peu Pristina et on avait hate de commencer.
Après un petit déjeuner au centre-ville, on a pris la rue piétonne « Nena Terese », dans laquelle il y a plusieurs statues dont celle d’Ibrahim Rugova surnommé le « Ghandi des Balkans ». C’est une figure nationale passionnante : il a essayé dans les années 90 de négocier avec Milosevitch de manière non-violente pour éviter la guerre. Malheureusement, sa pratique pacifique n’a pas abouti mais il est resté extrêmement respecté dans le pays. On a aussi été très marqués par un mémorial en faveur des 20 000 femmes abusées sexuellement et violentées pendant la guerre : c’est un visage de femme constitué de plus de 20 000 médailles, magnifique.
Le patrimoine kosovar ?
Il y a quand même quelque chose d’un peu étrange pour nous dans la présence à chaque coin de rue de l’influence de la communauté internationale. Les Etats-Unis surtout, qui sont considérés comme les sauveurs du Kosovo et dont la culture est imprégnée absolument partout. Mais il y a aussi plein de monuments et de plaques qui remercient les pays de l’OTAN, des de sièges d’organisations internationales, des immeubles aux couleurs de l’UE ou de l’ONU… La ville est imprégnée de marqueurs albanais et de symboles internationaux, mais le patrimoine de Pristina nous montre bien que l’ « identité kosovarde » est encore une notion qui n’a pas tellement de sens ici.
On en a eu la confirmation en visitant le “National Museum of Kosovo”. Le narratif de la dernière guerre qui y est exposé est clairement albanais : d’ailleurs, on y trouve quasiment que des drapeaux de l’Albanie, et un seul du Kosovo. Encore une fois, on a senti à quel point il est difficile de creer une identité nationale entre des peuples qui ne s’accordent pas sur leur histoire.
Anita
En fin d’après-midi, on a pris un café avec Anita, qui travaille pour l’Union Européenne. On etait étonnés de se retrouver dans un café-librairie-vegan-avec-des-chats comme on en voit dans le XXeme arrondissement de Paris. Anita nous a donné des contacts à rencontrer, puis elle nous a parlé de son expérience d’enfant pendant la guerre. D’après elle, le meilleur moyen de detruire une nation cest d’empêcher ses enfants d’aller à l’école : c’est ce qu’il lui est arrivé quand elle était petite. Pendant 10 ans, elle n’a pas eu le droit à l’enseignement, qui était interdit aux enfants ne parlant pas serbe : elle nous a partagé qu’elle voyait les conséquences aujourd’hui sur toute sa génération.
En rentrant de cette journée, petit massage à la menthe poivrée pour Floraine et moi histoire de digérer cette journée. Pendant ce temps, Vincent et Abderrahim ont discuté jusqu’au milieu de la nuit avec les jeunes venus reviser leurs examens à la mosquée.
Adèle