Son portrait
Le 22 mars 2021, Viateur nous accueille dans les locaux de l’association du scoutisme au Rwanda. Viateur a 58 ans, il est catholique, super actif et il a le scoutisme dans le sang. Il étudie les sciences de l’éducation à l’institut catholique d’Angers puis il évolue dans l’Église catholique, il commence au sein de son diocèse en coordonnant la pastorale des jeunes pour être aujourd’hui secrétaire général de l’association des scouts au Rwanda.
Viateur est scout depuis tout petit, c’est de là que lui viennent ses valeurs, sa culture, ses compétences : le scoutisme et l’Église catholique. Le scoutisme rwandais accueille des jeunes de toutes les convictions, c’est là qu’il fait ses premières expériences interreligieuses. Sa foi en l’évangile joue aussi un rôle primordial dans sa volonté d’aller vers les autres !
Dans le contexte de la réconciliation, Viateur s’est énormément engagé, à la fois au sein des Gacacas, les tribunaux de justice transitionnelle et restaurative, mais aussi au sein d’un programme qui s’appelle « justice, paix et réconciliation » de son diocèse. Il a enfin organisé des camps et des activités scoutes pour s’assurer que les jeunes puissent s’exprimer après l’horreur du génocide. Récemment, il est élu président du comité africain interreligieux qui devrait bientôt faire sa première conférence à Dakar.
“On a mis en place un programme de travail communautaire où chaque participant devait découvrir l’autre. On devait analyser ce que tout le monde avait vécu, essayer de démontrer les valeurs de chacun et essayer de montrer l’aspect humain de l’Homme. Et je pense que dans ce travail là de réconciliation, les religions ont joué un rôle très important. ”
L’organisation
Le scoutisme rwandais est clairement interreligieux ! Non seulement les jeunes sont de religions différentes mais les animateurs et animatrices utilisent l’outil interreligieux dans la pédagogie proposée aux jeunes. L’association réunit entre 45 000 et 50 000 jeunes. Les programmes éducatifs et les méthodes pédagogiques sont construits sur les conseils des responsables de différentes religions pour que chaque jeune se sente à sa place dans le mouvement de jeunesse. Le scoutisme est un espace d’ouverture à l’autre qui porte le respect pour l’autre dans son ADN, l’interreligieux est donc une évidence pour les scouts ! Les groupes scouts organisent par exemple des visites de lieux de culte pour que les jeunes découvrent les religions de leurs camarades, mais également des événements de dialogue pour apprendre à mieux se connaître.
Juste après le génocide des Tutsi, les scouts ont organisé des camps de jeunes dans le contexte de la réconciliation. Le contexte était très sensible, l’horreur laissait place à une société détruite de laquelle il fallait se relever. Ils ont organisé des camps autour de reconstruction de maisons de personnes rescapées, de bâtiments, pour que la reconstruction ait un aspect tangible. Pendant les camps, des grands témoins étaient invités à témoigner et à permettre d’ouvrir la parole après la violence du génocide.
Ses conseils
Viateur a le scoutisme dans le sang, ainsi, la phrase de Baden Powell qui dit qu’il faut essayer de « quitter ce monde en le laissant un peu meilleur que nous l’avons trouvé » résonne dans l’ensemble de ses engagements. Selon Viateur, s’il a un conseil à donner pour que le monde soit meilleur, c’est qu’il faut co-éduquer, partout, tout le temps, tout le monde. Il faut mettre des personnes différentes à tout niveau dans des espaces communs et apprendre à tout le monde à mieux vivre ensemble, c’est ce qui nous permettra de réduire les conflits.
Viateur nous a aussi beaucoup touché sur sa vision du Rwanda, sur cette volonté des rwandais de revivre, de toutes ces volontés individuelles qui ont créé une puissante volonté collective. Enfin, Viateur nous a partagé l’importance du leadership féminin dans la construction de la paix, aussi ingrédient nécessaire pour sécuriser la cohésion sociale.