PortraitsSaison 5

Retirer ses sandales pour apprendre à écouter – Nilton Bonder – Rabbin à Rio de Janeiro

Son portrait 

🇫🇷  Nilton nous a raconté une de ses expériences marquantes : il s’agissait d’un pèlerinage, rassemblant un groupe de 23 chrétiens, musulmans et des juifs, sur les pas d’Abraham à travers l’Iran, la Turquie, la Syrie, le Liban, la Jordanie, les territoires palestiniens et Israël en 2009. 

 Il y fait l’expérience de la vie commune qu’il raconte dans “Take off your shoes”, en référence à la demande de Dieu adressée à Abraham devant le Buisson ardent et aux musulmans qui retirent leurs chaussures pour prier. La dangerosité du voyage et l’instabilité politique l’inquiètent mais finalement, le plus difficile pour lui a été de faire face à la violence des préjugés au sein du groupe. “Beaucoup de participants avaient une vision très dure d’Israël à laquelle ils m’associaient, alors que je n’étais pas le représentant d’Israël ou de quoique ce soit, mais j’étais là juste en tant que juif. J’ai beaucoup écouté et lu pour comprendre les points de désaccord, où la religion devient un prétexte pour exclure.”

 “Que signifie “retire tes sandales” avant une rencontre ? C’est une métaphore pour dire de sortir de tes visions personnelles avec humilité.”

 “Comment apprendre à ne pas être affecté et digérer ce que les gens te disent ?” Le groupe a été formé à la médiation. C’est lors de leur passage à Hébron lors d’un rendez-vous avec le maire et l’imam, qui ont su qu’il était rabbin, que la tension était palpable : “”Don’t say anything, don’t react, hold on and listen.” Après avoir passé les points intolérables, il y a eu l’incroyable effet de l’écoute et on a réussi à se parler.” Il s’est rendu compte combien on pouvait blesser l’autre sans le vouloir en parlant de sa foi. “C’est ta responsabilité de faire le filtre, pas pour être faux ou être sympa mais pour être attentif aux autres.” Quand on lui a demandé quels étaient ses conseils pour réussir une action interconvictionnelle, il a répété : “Écouter”.

Son action 

Nilton nous a accueillies dans sa synagogue de la Congrégation juive du Brésil, la première synagogue massortie et progressiste du pays.

 “Ma recette ? Être très ouvert et inclusif vers l’extérieur, et en même temps, essayer d’éduquer les gens avec la tradition à l’intérieur.”

C’est ce qui a conduit Nilton à officier comme rabbin depuis 36 ans et à fonder le centre culturel @midrashcultural. Il est aussi l’auteur à succès de 25 livres traduits en 18 langues (mais pas en français !).  Quand on lui a demandé d’où venait son engagement dans l’interconvictionnel, Nilton nous a répondu : “Interfaith was an oasis.” Alors que le Brésil sort à peine de 20 ans de dictature militaire, c’était pour lui un espace de liberté, où exprimer ses convictions, et un lieu de résistance politique.

Après le Sommet de la Terre de Rio en 1992, Nilton rejoint l’@isernarede, qui lie interreligieux et questions sociales, dans un large spectre d’actions auprès de personnes travailleuses du sexe, de personnes atteintes du SIDA, de personnes LGBTQIA+, de personnes en prison ou pour l’environnement. Pour lui, il est naturel au Brésil d’utiliser l’interconvictionnel comme moyen de lutte sociale plutôt que de dialoguer sur la théologie.

“Si on se concentre sur les gens, toutes les religions ont quelque chose à apporter et on peut avoir un langage commun par l’action. On ne va pas loin si on se concentre sur les différences et les conceptions de Dieu.” Nilton nous a aussi parlé d’un culte exceptionnel en hébreu et en arabe à la synagogue, mené avec un imam et la communauté musulmane, afin de casser les barrières.

 À propos du leadership des femmes ou des discriminations envers les communautés autochtones et afro-brésiliennes, il est optimiste mais reconnaît que : ”Le monde va très vite et certains ne peuvent pas s’adapter et s’en plaignent.”

🇬🇧 

His Portrait 

Nilton told us about one of his striking experiences: it was a pilgrimage, gathering a group of 23 Christians, Muslims and Jews, on the footsteps of Abraham through Iran, Turkey, Syria, Lebanon, Jordan, the Palestinian territories and Israel in 2009.

There, he experiences the common life that he recounts in “Take off your shoes”, referring to God’s request to Abraham in front of the Burning Bush and to Muslims who remove their shoes to pray. The danger of the trip and the political instability worried him, but ultimately the hardest part for him was dealing with the violence of prejudice within the group. “Many of the participants had a very harsh view of Israel that they associated me with, when I was not the representative of Israel or anything, but I was there just as a Jew. I did a lot of listening and reading to understand the points of disagreement, where religion becomes an excuse to exclude.”

 “What does ‘take off your sandals’ mean before a meeting? It’s a metaphor for stepping out of your personal visions with humility.”

 “How do you learn to not be affected and digest what people say to you?” The group was trained in mediation. It was when they were in Hebron during a meeting with the mayor and the imam, who knew he was a rabbi, that the tension was palpable: “”Don’t say anything, don’t react, hold on and listen.” After we got past the intolerable points, there was the incredible effect of listening and we managed to talk to each other.”He realized how much you can unintentionally hurt the other person by talking about your faith. “It’s your responsibility to do the filter, not to be fake or be nice but to be mindful of others.” When asked what his advice was for successful interfaith outreach, he repeated, “Listen.”

His action 

Nilton welcomed us to his synagogue at the Jewish Congregation of Brazil, the country’s first Massortian and progressive synagogue. pilgrimage

“My recipe? Being very open and inclusive to the outside, and at the same time, trying to educate people with the tradition inside.”

That’s what led Nilton to officiate as a rabbi for 36 years and to found the @midrashcultural center. He is also the best-selling author of 25 books translated into 18 languages (but not French!).When asked where his commitment to interfaith came from, Nilton told us, “Interfaith was an oasis.” While Brazil is just emerging from 20 years of military dictatorship, for him it was a space of freedom, where to express his beliefs, and a place of political resistance.

After the Rio Earth Summit in 1992, Nilton joined @isernarede, which links interfaith and social issues in a broad spectrum of actions with sex workers, people with AIDS, LGBTQIA+ people, people in prison, or for the environment. For him, it is natural in Brazil to use interfaith as a means of social struggle rather than dialogue about theology.

“If we focus on the people, all religions have something to contribute and we can have a common language through action. We don’t get far if we focus on differences and understandings of God.” Nilton also told us about an exceptional worship service in Hebrew and Arabic at the synagogue, conducted with an imam and the Muslim community, to break down barriers.

About women’s leadership or discrimination against indigenous and Afro-Brazilian communities, he is optimistic but acknowledges that, “The world is moving very fast and some people can’t adapt and complain about it.”

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