Portrait
“Je suis très curieuse, je veux tout connaître.” affirme Cristina avec conviction. Cette femme, avide de connaissances, aux yeux communiquant joie et espoir, nous a accueillies pendant une semaine à Guadalajara. Plus que des hôtes, Cristina et son mari Juan-Carlos ont été nos anges-gardiens. Cristina a commencé son parcours professionnel par des études d’architecture. C’est en amenant ses enfants au catéchisme, qu’elle se pose de plus en plus de questions sur la religion. Elle ne pouvait alors pas répondre aux questions existentielles de ses enfants, n’ayant pas toutes les cartes en main. “Les vrais théologiens, ce sont les enfants”, nous dit-elle avec le sourire. Elle s’est alors inscrite à des cours de théologie à l’université pour satisfaire la curiosité quotidienne de ses garçons sur la vie et ses mystères. Cristina a même poursuivi son cursus quand elle a déménagé avec sa famille pendant quelques années en France, à Toulouse.
“Faire de l’interreligieux, c’est avoir le courage de savoir ce que l’on connaît, ce dont on a hérité. C’est être prêt·e à partager ; comprendre qu’il y a différentes façons de vivre le religieux, le spirituel.”
L’un des défis pour l’interreligieux, d’après Cristina, est le dialogue intrareligieux. “C’est plus facile de discuter avec quelqu’un d’une autre religion que de quelqu’un dans sa religion qui pense différemment.” Il s’agit donc d’un travail de longue haleine pour être à l’écoute de l’autre. Pour elle, la paix, “c’est un équilibre, avec les yeux ouverts et le coeur grand ouvert ; c’est désirer trouver l’harmonie.” La beauté de son propos, la poésie de ses phrases, nous a particulièrement touchées lors de l’entretien.
Le rôles des femmes
“Je crois qu’il faut beaucoup faire pour que les femmes aient de la place, pour qu’on soit écoutées au niveau de la hiérarchie de l’Église.” Cristina ne nous cache pas sa désillusion face à la position des femmes dans l’Église catholique. Elle ne va d’ailleurs plus à la messe et préfère écouter des podcasts en marchant qui parle de théologie, de spiritualité et de religion. Théologienne féministe, elle invite à repenser les textes sacrés à l’aune du présent. Chaque semaine, depuis vingt ans, elle se réunit avec un groupe de femmes pour parler de spiritualité. Nous avons pu assister à l’une de leurs réunions, où l’atmosphère chaleureuse, nous a beaucoup touchées. Radia a pu faire une prière musulmane et Maud une prière juive, ce qui a donné à cet évènement une once d’interreligieux. Ce cercle de femmes s’est notamment investi auprès d’une école publique avec des enfants en grande précarité. Certaines d’entre elles, y ont donné des cours de catéchisme. Leur objectif n’était pas alors de donner une “doctrine préétablie” mais bien de faire naître la spiritualité chez les enfants, notamment par des exercices sur le silence.
Son action
Cristina s’investit beaucoup dans l’interreligieux à Guadalajara. Elle collabore à de nombreuses activités au sein de l’organisation Carpe Diem Interfé, comme le Grupo Interreligioso Alimentario (GIRA).L’initiative vise à mettre en commun les efforts de personnes de différentes communautés spirituelles pour cuisiner et distribuer des repas à celles et ceux qui en ont le plus besoin pendant la pandémie. Du lundi au vendredi, beaucoup de fidèles et de leaders religieux ont organisé cette distribution quotidienne de 500 repas chauds. Cristina s’est occupée pendant le confinement de la logistique entre les différentes communautés. “C’est passer un coup de fil pour voir qui peut recevoir quoi, faire les contacts avec les hôpitaux, des cliniques, les paroisses et les personnes dans le besoin pour qu’ils se connectent. C’est connecter exactement.” Avec Graciela (cf post précédent), elle souligne l’intérêt d’agir au nom de sa foi différente et des apprentissages qui en découlent, comme l’aspect sacré de la nourriture pour la communauté Hare Krishna qui bénissait les plats avant la distribution.
Nous avons été très émues par la foi et la spiritualité de Cristina. Avant qu’on embarque pour les États-Unis, Cristina nous a chacune bénies selon la tradition. Un moment fort, qui restera gravé dans nos mémoires.
Portrait
“I am very curious, I want to know everything,” Cristina states with conviction. This woman, eager for knowledge, with eyes communicating joy and hope, welcomed us for a week in Guadalajara. More than hosts, Cristina and her husband Juan-Carlos were our guardian angels. Cristina began her professional journey by studying architecture. It was while taking her children to catechism, that she asked herself more and more questions about religion. She could not answer her children’s existential questions, as she did not have all the cards in hand. “The real theologians are the children,” she says with a smile. So she enrolled in theology courses at the university to satisfy her boys’ daily curiosity about life and its mysteries. Cristina even continued her studies when she moved with her family for a few years to France, to Toulouse.
One of the challenges for interfaith, according to Cristina, is intrafaith dialogue. “It’s easier to have a conversation with someone from another religion than with someone in your religion who thinks differently.” So it’s a long-term job to listen to each other. For her, peace, “is a balance, with open eyes and a wide open heart; it is desiring to find harmony.” The beauty of her words, the poetry of her phrases, particularly touched us during the interview.*
The role of women
“I think a lot needs to be done for women to have a place, for us to be listened to at the level of the Church hierarchy.” Cristina does not hide her disillusionment with the position of women in the Catholic Church. In fact, she no longer goes to Mass and prefers to listen to podcasts while walking that talk about theology, spirituality and religion. A feminist theologian, she invites us to rethink the sacred texts in light of the present. Every week for the past twenty years, she has met with a group of women to talk about spirituality. We were able to attend one of their meetings, where the warm atmosphere touched us greatly. Radia was able to do a Muslim prayer and Maud a Jewish prayer, which gave this event an ounce of interfaith. This women’s circle was notably involved with a public school with children in great precariousness. Some of them, gave catechism classes there. Their objective was not then to give a “pre-established doctrine” but to give birth to spirituality in the children, notably through exercises on silence.
Her Action
Cristina is very involved in interreligious work in Guadalajara. She collaborates in many activities within the Carpe Diem Interfé organization, such as the Grupo Interreligioso Alimentario (GIRA). The initiative aims to pool the efforts of people from different spiritual communities to cook and distribute meals to those most in need during the pandemic. From Monday to Friday, many faithful and religious leaders organized this daily distribution of 500 hot meals. Cristina handled the logistics between the different communities during the lockdown. “It’s making a phone call to see who can receive what, making the contacts with hospitals, clinics, parishes and people in need so they connect. That’s connecting exactly.” Along with Graciela (see previous post), she emphasizes the value of acting on behalf of her different faith and the learnings that come with it, such as the sacredness of food for the Hare Krishna community who blessed the dishes before distribution.
We were very moved by Cristina’s faith and spirituality. Before we embarked for the United States, Cristina blessed each of us according to tradition. A powerful moment, which will remain engraved in our memories.