JournalSaison 4

Veni, vidi… Ivica

Bon, ce matin on n’est toujours pas débarrassés du jetlag. On a encore du mal à se réveiller. Mais l’idée de commencer nos rendez-vous en Nouvelle-Zélande nous donne le petit coup de boost nécessaire.

De la douleur à l’espoir

À 11h, on se retrouve sur le parvis de la cathédrale anglicane Holy Trinity d’Auckland pour rencontrer Ivica Gregurec, prêtre et chantre de la cathédrale. C’est un drôle de bonhomme plein de bonne humeur qui nous fait beaucoup penser à Victor de la première saison InterFaith Tour. Il nous reçoit d’abord dans une petite salle, mais comprend rapidement qu’on souhaite filmer l’interview. Il nous propose alors de nous ouvrir les portes de l’ancienne (petite) cathédrale Saint-Mary qui jouxte la nouvelle cathédrale Holy Trinity. On découvre un lieu chargé d’histoire, dont la construction s’est achevée à la toute fin du 19e siècle. L’intérieur en bois est très chaleureux. C’est un lieu parfait pour tourner notre interview. En plus, elle est fermée au public pour encore une bonne heure. Pour une fois, on ne sera pas dérangés !

Avec Ivica, on revient sur le rôle de l’église anglicane après les attentats de Christchurch. Il nous raconte par exemple que les iftars (repas de rupture du jeûne pendant le mois de ramadan) qu’ils organisent depuis quelques années ont pris une tournure toute particulière après le 15 mars. Ils ont eu la belle surprise d’accueillir à la fois plus de participants que les années précédentes et plus de communautés différentes : chiites, sunnites, chrétiens de diverses dénominations, juifs, non-croyants… Soudainement, toute la Nouvelle-Zélande était là pour entourer la communauté musulmane touchée par les attentats.

« Beaucoup de choses ont été organisées à la lumière des attaques terroristes contre les mosquées de Christchurch. Aussi tragiques que furent ces attaques, elles ont créé des signes d’espoir. »

Ivica Gregurec

Drôle d’habit pour un progressiste

Au cours de l’entretien, Ivica a également souhaité revenir sur son habit du jour : une soutane noire flanquée d’un col romain (drôle de terme pour décrire un habit anglican quand on sait que l’Église anglicane s’est séparée de l’Église romaine au 16e siècle). Il nous rassure en nous disant qu’il ne porte pas ce vêtement tous les jours. Seulement les jeudis. Sur le coup, on se demande pourquoi le jeudi ? Pourquoi pas le dimanche par exemple ?

« Parce que le jeudi est un jour de manifestation contre les viols et violences sexuelles dont souffrent notamment les femmes et les enfants. C’est une initiative du Conseil Œcuménique des Églises qui s’appelle “Thursdays in Black” (jeudis en noir). »

Ivica Gregurec

En France, on ne connaît pas bien cette initiative car l’Église catholique (majoritaire) ne fait pas partie du Conseil Œcuménique des Églises, bien qu’elle collabore avec lui régulièrement. Alors je pose la question en tant que catholique : messieurs les évêques, quand est-ce qu’on fait la même chose en France ? 150 féminicides commis depuis le 1er janvier, c’est assez, c’est trop !

La place des femmes dans cette cathédrale anglicane Saint-Mary est d’ailleurs particulière. Ivica nous a montré des vitraux qui font hommage aux suffragettes néo-zélandaises. Les premières femmes à avoir obtenu le droit de vote.

On a encore eu le temps de parler d’engagement de la jeunesse ou d’agriculture urbaine avant de devoir le laisser retourner à ses occupations.

De mai 68 aux années 2000 ?

Plus tard dans la journée, nous sommes retournés chez Jocelyn et George pour les filmer. Ils n’arrêtent pas de répéter qu’ils sont vieux et que les jeunes doivent prendre le relais. En même temps, on ne pourra jamais faire ça sans apprendre de leurs expériences. C’était donc important pour nous d’enregistrer ce qu’ils ont à dire pour pouvoir le partager ensuite.

On a filmé George dans son bureau/bibliothèque. C’est une sorte de caverne d’Ali Baba remplie de piles de bouquins éfeuillés, de bouts de manuscrits, et où trône un ordinateur pour écrire son prochain livre. Il nous en a d’ailleurs beaucoup parlé pendant l’interview. Le thème sera les liens entre la génération qui a porté les révolutions sociales des années 60 (on pense forcément à mais 68 en France) et les générations Y ou Z qui s’engagent aujourd’hui pour le climat et le lien social.

Jocelyn, confortablement installée dans le salon, nous a plus concrètement parlé d’interreligieux/interconvictionnel. Elle nous a raconté qu’elle est pleine d’espoir car le gouvernement se pose la question d’introduire l’enseignement du fait religieux à l’école. Pour elle, c’est une des clés pour former des générations de citoyennes et citoyens capables de faire société ensemble.

Après toutes ces interviews, on a fini par rentrer épuisés mais le sourire aux lèvres chez Judith et John, où on s’est assez vite écroulés dans nos lits.

Vincent

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