Ce matin, réveil à Chypre face à la mer. C’est dur cette escale dans une ville qui sent la crème solaire et les vacances : on resterait bien quelques jours à la plage ! On prend quand même le temps d’un bon petit déjeuner au bord de l’eau avant de partir pour l’aéroport.
Nous voilà partis pour un vol ridicule d’à peine une heure. Juste le temps de décoller et d’atterrir, et une pensée émue pour la planète qui apprécie beaucoup ce type de voyage… Arrivés à Tel-Aviv, Vincent, Floraine et moi passons la douane sans un regard ou une question, et Abderrahim est envoyé quelques heures dans une salle d’interrogatoire. On commence à avoir l’habitude que ça prenne plus de temps pour lui : c’est si commun comme situation, beaucoup la dénoncent mais je crois qu’il ne faut pas arrêter pour autant. Notre expérience à 4 est aussi enrichie de ces prises de conscience : j’ai toujours eu conscience que quand on a un nom arabe et une barbe, on a plus de chance de se faire contrôler. Mais depuis notre départ je vis avec Abderrahim le fait d’arriver plus tôt à l’aéroport pour le prévoir, le stress qui monte un peu à chaque douane, l’espoir que ça va se passer différemment pour une fois et la déception de voir qu’à chaque fois ça ne rate pas. Oui c’est commun, mais non ce n’est pas normal. Bref, il n’y a pas de mal pour autant et les douaniers sont très polis avec Abderrahim, qui nous retrouve avec le sourire parce qu’il s’est fait de nouveaux copains pakistanais dans la salle d’attente.
Entre temps, nous sommes tout heureux d’être accueillis par William, un copain français et membre de Coexister Toulouse, venu en Israël/Palestine pour étudier cette année. C’est chouette d’avoir quelqu’un qui nous attend à l’aéroport pour une fois ! En attendant Abde, William nous parle de ses quelques semaines d’expérience ici. Nous devons aussi trouver une solution d’hébergement pour le soir : pour la première fois du voyage, nous sommes séparés en 2 groupes. Les garçons sont accueillis dans une famille à Jaffa, mais notre hôte avec Floraine vient finalement d’avoir un empêchement. Devant l’urgence, William vient à notre rescousse et nous propose de dormir dans le salon sur son campus, mais nous prévient qu’il habite à Beer Sheva : c’est presque l’autre bout du pays. Nous voilà donc partis pour 1h30 de train dans le désert, ce qui nous laisse le temps d’échanger plein d’anecdotes de voyage. Il nous permet aussi de réaliser le nombre de jeunes gens entre 18 et 20 ans en uniformes et portant des armes, qui font leur service militaire obligatoire. Avec Floraine, nous sommes particulièrement mal à l’aise quand nous croisons des armes, en particulier quand elles sont portées par ceux qui ressemblent à des enfants. C’est une réalité qui nous fait peur, ce service militaire. Mais une jeune fille en uniforme s’assoit en face de nous et nous demande un chargeur : nous entamons la discussion et découvrons qu’elle en a marre de réparer des bateaux dans l’armée, qu’elle a hâte de finir pour retourner surfer et peindre, qu’elle voudrait voyager. Une belle rencontre qui humanise ceux qui nous inquiétaient, et qui nous fait réfléchir.
Arrivés à Beer Sheva, nous marchons une petite demi-heure et un lampadaire explose devant nous : c’est la coupure de courant générale dans le quartier. Après 4 étages à pied et une douche froide dans le noir, nous sommes bien contentes d’aller nous coucher, et nous espérons qu’Abderrahim et Vincent sont bien accueillis dans leur famille.
Adèle