Portraits
🇫🇷 (👉 English bellow ) Nous avons rencontré Viridiana, Guadalupe, Ana et Charlie dans l’organisation Universidad de la Tierra @unitierraoax à Oaxaca de Juárez. Elles font partie d’un groupe de femmes de différentes religions qui agissent contre les violences sexistes et sexuelles au Mexique. Viri a 35 ans et se définit comme une femme autochtone lesbienne. Elle est née au sein d’une famille chrétienne et a été éduquée par un père militaire. Ces multiples facettes de son identité sont autant de raisons de son engagement. Pour elle, faire partie d’un collectif féministe, c’est avant tout aider les femmes dans leur processus de guérison, à sortir des situations où elles sont en proie à la violence et si elles souhaitent avorter. Ana n’est pas née au sein des peuples autochtones mais raconte que l’Université de la Terre est un endroit où les problèmes sont abordés selon une approche différente. C’est un endroit qui respecte la terre, les personnes et qui recherche des solutions au sein de la communauté. Ce qu’elle aime c’est qu’UniTierra est aussi une assemblée, où il ne s’agit pas seulement de travailler mais de prendre part à chacune des décisions. Charlie a étudié l’architecture et le merchandising. Elle savait qu’il y avait quelque chose d’étrange dans la manière de traiter différemment les hommes et les femmes dans l’éducation. Quand une femme a quitté son mari à cause de violences conjugales, sa mère et elle l’ont accueillie dans leur foyer. Aujourd’hui, sa maison est un refuge pour les femmes qui sont victimes de violence. Ces femmes nous ont marquées par l’alliance d’une profonde réflexion sur la cause des femmes au Mexique et une action au plus près de celles qui sont touchées par ces violences.
Leurs actions
Guada, Charlie, Ana et Viri mènent chez @unitierraoax de nombreuses activités pour lutter contre les inégalités genrées et les violences faites aux femmes. Au sein d’un petit marché de trocs et d’échanges, qui s’éloigne des logiques économiques capitalistes, elles parlent d’alimentation, de nutrition, de menstruation, des diversités d’orientations sexuelles. Cela se rapproche de l’économie sociale et solidaire, même si elles nous expliquent que ce “nouveau concept” existe en réalité depuis la nuit des temps au Mexique. Guada nous explique qu’elles organisent régulièrement des cercles en non-mixité.
“C’est quelque chose que le système ne s’attend pas qu’on fasse. Donc, avec ces activités, nous combattons le système.”
Guada
Ainsi elles créent petit à petit une communauté, une famille de femmes. Pendant notre visite, avait lieu par exemple un cercle de chants entre femmes.
Ce groupe d’activistes met en place des campagnes de sensibilisation marquantes, pour porter un message qu’elles ne verront jamais dans une église. Viri nous raconte qu’elles ont détourné le symbole des ex-voto, offrande faite à un dieu en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue après un vœu, qu’on peut retrouver notamment dans la religion chrétienne. Issue de témoignage réel, la 4e photo mentionne “Dieu m’accompagne dans toutes les décisions, même les plus difficiles comme pour interrompre ma grossesse.”
Oaxaca est le 5e état sur les 22 du Mexique qui recense le plus de violences faites aux femmes. Elles nous expliquent qu’un de leurs objectifs principaux sont de travailler en vue de la “sanation”, la guérison des femmes qui ont subi des violences sexuelles et sexistes. Elles mettent en place des soins, non seulement psychologiques, mais aussi ancestraux qui remontent aux civilisations pré-hispaniques. En bref, ce groupe de femmes multiplie les actions avec un seul objectif : que les violences cessent.
L’organisation
“Notre manière de résoudre les problèmes ne se base en aucun cas sur le système capitaliste.”
L’Universidad de la Tierra @unitierraoax se définit comme une organisation, un espace et un réseau d’apprentissage, d’étude, de réflexion et d’action. C’est un lieu où les problèmes sont envisagés depuis un autre point de vue que celui dominant. Unitierra est profondément impliquée dans les processus de changement social et politique et se consacre principalement à l’exploration de nouvelles options pour la création d’alternatives politiques, idéologiques et culturelles, respectueuses de la dignité de chacun·e, de la relation avec les autres et de la Terre Mère. UniTierra est présente dans plusieurs villes et rassemble des organisations et des personnes de tous profils qui portent cette vision commune. Elle est nommée ainsi car elle considère l’apprentissage comme un aspect de la vie quotidienne, qui peut être cultivé, et l’étude comme un exercice autonome et agréable pour tous, menant à l’action. Le lien aux cultures d’origine est un sujet central. Nous avons eu l’opportunité d’assister à un groupe de discussion de 2h le 3 novembre, juste après le Dia del Muertos, autour d’un sujet qui a une résonance particulière avec la crise du Covid-19 : “Que signifie la mort dans nos vies ?” Une dizaine de participant·es, en présentiel et en ligne, était invitée à lire quelques textes ressources en amont avant de partager ses réflexions, son lien à la spiritualité et ses expériences. Unitierra organise également des tables rondes, enregistre des émissions de radio et anime des ciné-débats. Les membres de Unitierra se réunissent au moins une fois par mois, pour mettre sur la table les préoccupations de chacun·e sur la direction qu’elles et ils veulent donner à l’espace, discuter de leurs différences et décider des actions en collectif.
Portraits
🇬🇧 We met with Viridiana, Guadalupe, Ana and Charlie at the organization Universidad de la Tierra @unitierraoax in Oaxaca de Juárez. They are part of a group of women from different religions who are acting against gender and sexual violence in Mexico. Viri is 35 years old and defines herself as an indigenous lesbian woman. She was born into a Christian family and raised by a military father. These multiple facets of her identity are all reasons for her involvement. For her, being part of a feminist collective is all about helping women in their healing process, to get out of situations where they are experiencing violence and if they want an abortion. Ana was not born among indigenous people but says that Earth University is a place where issues are addressed with a different approach. It’s a place that respects the land, the people and looks for solutions within the community. What she likes is that UniTierra is also an assembly, where it’s not just about working, but about taking part in every decision. Charlie studied architecture and merchandising. She knew there was something strange about the way men and women were treated differently in education. When a woman left her husband because of domestic violence, she and her mother took her into their home. Today, her home is a refuge for women who are victims of violence. These women have marked us with the combination of deep reflection on the cause of women in Mexico and action close to those affected by this violence.
Actions
Guada, Charlie, Ana and Viri lead many activities at @unitierraoax to fight against gender inequality and violence against women. In a small barter and exchange market, which moves away from capitalist economic logics, they talk about food, nutrition, menstruation, sexual orientation diversities. The market comes close to the social and solidarity economy, even if they explain to us that this “new concept” has actually existed since the dawn of time in Mexico.Guada explains to us that they regularly organize circles in non-mixed gender.
“It’s something that the system doesn’t expect us to do. So with these activities, we are fighting the system.”
Guada
Thus they are gradually creating a community, a family of women. During our visit, for example, a singing circle among women was taking place.
This group of activists sets up striking awareness campaigns, to carry a message they will never see in a church. Viri tells us that they hijacked the symbol of ex-voto, an offering made to a god in request of a grace or in thanks for a grace obtained after a vow, which can be found especially in the Christian religion. From real testimony, the 4th photo mentions “God accompanies me in all decisions, even the most difficult ones like to terminate my pregnancy.” Oaxaca is the 5th state out of the 22 in Mexico with the most violence against women. They explain to us that one of their main goals is to work towards “sanation,” the healing of women who have suffered sexual and gender-based violence. They implement care, not only psychological, but also ancestral that dates back to pre-Hispanic civilizations. In short, this group of women is multiplying actions with one goal: that the violence stops.
Organisation
“Our way of solving problems is in no way based on the capitalist system.”
Universidad de la Tierra @unitierraoax defines itself as an organization, space and network for learning, study, reflection and action. It is a place where problems are seen from another point of view than the dominant one. Unitierra is deeply involved in processes of social and political change and is primarily dedicated to exploring new options for the creation of political, ideological and cultural alternatives, respectful of the dignity of each person, of the relationship with others and of Mother Earth. UniTierra is present in several cities and brings together organizations and people of all profiles who carry this common vision. It is so named because it considers learning as an aspect of daily life, which can be cultivated, and study as an autonomous and enjoyable exercise for all, leading to action. The connection to cultures of origin is a central topic. We had the opportunity to attend a 2-hour discussion group on November 3, just after Dia del Muertos, around a topic that has particular resonance with the Covid-19 crisis: “What does death mean in our lives?” A dozen participants, both face-to-face and online, were invited to read some resource texts before sharing their reflections, their connection to spirituality, and their experiences. Unitierra also organizes roundtables, records radio programs and hosts film-debates. The members of Unitierra meet at least once a month, to put on the table the concerns of each one about the direction they want to give to the space, discuss their differences and decide on actions as a collective.
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