Partie I : le contexte
Chiffres clés :
- Indice de Paix : 2.202
- Indice de diversité religieuse : 2.7
L’indice de Paix est mesuré par l’institut d’économie et de paix en Australie à l’aide d’une méthodologie qui prend en compte 23 indicateurs et qui donne une note entre 1 et 5 à chaque pays, 1 étant un pays très pacifique et 5 étant un pays très instable. Voici le lien du rapport 2021 : https://www.visionofhumanity.org/wp-content/uploads/2021/06/GPI-2021-web-1.pdf
L’indice de diversité religieuse est porté par le Pew Research Center aux États-Unis. Il mesure le degré de diversité religieuse dans chaque pays entre 1 et 10, 1 étant un pays très peu divers religieusement et 10 un pays très divers religieusement. Voici le lien du rapport 2020 : https://www.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/7/2014/04/Religious-Diversity-appendix-1.pdf
La diversité de convictions au “Pays” :
En Ouganda, la majorité de la population pratique une religion et se dit croyante. Environ 85% de la population en Ouganda est chrétienne. L’Église catholique représente 39% des fidèles. L’Église anglicane, qui porte le nom de “l’Église d’Ouganda”, correspond à 32% des citoyen·nes et les pentecôtistes sont environ 11%. L’islam est la deuxième religion en Ouganda avec 14% de le population. L’hindouisme représenterait 1% de la population. Les religions et spiritualités traditionnelles représentent 1% de la population ougandaise. Toutefois, des personnes peuvent être chrétiennes et musulmanes et pratiquer en même temps ces religions traditionnelles. Il existe une petite communauté juive ougandaise appelée les Abayudaya, comptant environ 2 000 à 3 000 personnes, et une petite communauté baha’ie.
Les pratiques traditionnelles animistes sont encore très présentes dans les campagnes et plus confidentielles à Kampala, dans la capitale. Des sorcièr·es entreraient en contact avec les esprits. Ils et elles sont régulièrement consulté·es par la population. Une enquête en 2010 a montré qu’environ 27% des Ougandais·es pensent que les sacrifices aux ancêtres ou aux esprits peuvent les protéger du mal. La convocation des mânes*, des âmes des morts, considérées comme des divinités, passe par des rites et des offrandes. Les cultes peuvent être célébrés dans des sites naturels particulièrement spectaculaires. Il existe aussi des guérisseurs et guérisseuses traditionnel·les qui soignent les maux des habitant·es grâce aux plantes.
L’islam apparaît vers 1846 avec des marchands swahilis des troupes égyptiennes. Depuis, le sunnisme est majoritaire mais il existe des communautés chiites comme les ismaéliens, dont le chef spirituel international est l’Aga Khan, puis une minorité d’Ahmadis. Lorsque le président Idi Amin Dada instaure une dictature militaire en 1971, la communauté musulmane se réjouit qu’un des siens dirige le pays mais l’expulsion de cent mille Indiens en 1972 réduit significativement la population musulmane en Ouganda.
La religion chrétienne est introduite en Ouganda vers 1877. De nombreuses conversions sont réalisées par des missionnaires à partir du dernier quart du XIXe siècle au début de la colonisation britannique. L’Empire britannique fait de l’Ouganda un protectorat de 1894 à 1962. Il a été observé ces dernières années une véritable montée des évangélistes, des adventistes, des baptistes, des méthodistes, des pentecôtistes et des témoins de Jéhovah.
La journée des martyrs est très importante en Ouganda le 3 juin. Elle rend hommage aux 45 jeunes hommes catholiques et anglicans qui se sont convertis au christianisme et ont été tués par le roi Mwanga II, entre novembre 1885 et janvier 1887.
L’interconvictionnel et la paix au “Pays” :
L’Ouganda obtient son indépendance du protectorat britannique en 1962. Débute alors une période de dictature d’Idi Amin Dada renversé en 1979 avec le soutien militaire de la Tanzanie. Après 6 ans d’affrontements et de violences dans le pays, Museveni arrive au pouvoir en 1986, met fin aux violences et tente de redresser économiquement le pays.
En Ouganda, la liberté de religion est garantie par la Constitution et chaque organisation religieuse est invitée à se déclarer auprès du gouvernement. Les Églises catholiques, orthodoxes et anglicanes, ainsi que le conseil suprême musulman sont déclarées en tant que trust ou fondations, quand la plupart des autres organisations religieuses se déclarent comme des ONG.
L’Ouganda connaît une vague d’attentats terroristes depuis les liens avérés entre les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe islamiste ougandais, et l’État islamique (Daesh). Ce groupe met à mal la cohésion sociale en Ouganda et renforce les préjugés et la méfiance entre les communautés chrétiennes et musulmanes.
Dates clés :
- 1894 : début de la colonisation britannique en Ouganda
- 1962 : indépendance de l’Ouganda
- 1979 : renversement de la dictature d’Idi Amin Dada
- 1986 : prise de pouvoir de Musevini
Partie II : l’étude InterFaith Tour
InterFaith Tour
- 2 villes étudiées : Kampala, Mbale
- Saison 5, 28/02/2022 au 13/03/2022 : 12 entretiens avec 20 personnes (7 femmes et 13 hommes)
- 10 organisations interreligieuses
- 17 bonnes pratiques recensées
Les entretiens réalisés :
- Fredrick de l’African Youth Peace Initiative
- Hakim, Daniel et John de Peace and Action Worldwide
- Jaffar de l’AFFCAD
- Elizabeth de Prometra
- Teopista de l’Uganda Youth Interfaith Network
- Christopher de l’Africa Interfaith Uganda
- Michael de Faith Together Uganda
- Le premier conseiller de l’ambassadeur de France à Kigali
- Daniel et William de l’Uganda Joint Christian Council
- JJ Keki de Mirembe Kawomera (Delicious Peace)
- Despina et Maywood de la coordination d’URI d’Afrique de l’Est
- Muhamad du Muslim Supreme Council
Nos découvertes et apprentissages :
Un des enjeux principaux en Ouganda est l’insertion économique des jeunes liée au fort taux de fécondité. Il faudrait la création de près de 800 000 postes par an pour incorporer l’ensemble des jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Ainsi, l’ensemble des organisations interreligieuses et des organisations qui portent des initiatives interreligieuses mettent en place des programmes de formations professionnelles afin de répondre aux besoins des différentes communautés.
Si la population ougandaise est fière de sa diversité, les personnes que nous avons interviewées nous ont partagé leur inquiétude face à la montée des préjugés dans les différentes communautés. L’augmentation des attentats terroristes vient alors empirer la situation, et aux préjugés s’ajoutent les peurs. Cela devient un nouvel enjeu pris en main par les organisations interreligieuses.
Les organisations interconvictionnelles :
- African Youth Peace Initiative, AYPI
- Peace Action Worldwide, PAW
- Action For Fundamental Change And Development, AFFCAD
- Promotion of Traditional Medicine, Pro.me.tra
- Uganda Youth Interfaith Network, UYIN
- Faith Together Uganda
- Interreligious Council of Uganda, IRCU
- Uganda Women of Faith Network,Uwofnet
- Uganda Joint Christian Council, UJCC
- Mirembe Kawomera
Les bonnes pratiques recensées :
- Formations
- Campagnes de communication
- Plaidoyer
- Soutien financier
- Encadrement spirituel et psychologique
- Atelier interreligieux
- Événements de dialogue
- Compétitions sportives
- Événements musicaux
- Ateliers sur les spiritualités
- Formations pour l’insertion professionnelle
- Plaidoyer
- Médiations
- L’art au service de l’interreligieux
- Soutenir les enfants orphelins
- Conseils au gouvernement
- Organisations interconvictionnelles